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Accents guerriers dans la campagne électorale: Petit conseil d’ami à un candidat hargneux

A la veille du rendez-vous historique de ce dimanche 18 octobre 2020, Lamarana-Petty Diallo rappelle qu’un candidat à ‘‘la mère des élections’’ devrait policer son discours de campagne. Et éviter, en toute circonstance, de lancer des appels guerriers distillant la peur et la division. Bonne lecture !

Le pouvoir guinéen semble avoir pris conscience de sa perte de vitesse tant les signaux sont au rouge. Le quotidien qu’il vit, en scrutin, les médias et les réseaux sociaux ont l’air de le déstabiliser à tel point qu’il ne sait plus où donner de la tête. Ni de voix d’ailleurs. Du coup, nous avons désormais à faire à un pouvoir en folie. Une folie marquée par l’insolence de 10 ans de règne sans partage, 10 ans de recours à l’ethnocentrisme, aux appels à la division et à la violence. Aucune sortie médiatique ou en campagne électorale tant du président Alpha Condé, de ses ministres et de ses proches, y compris celle qui apparait à ses côtés, quand besoin s’en fait sentir, n’échappe aux galimatias verbeux de ces personnes désabusées et paniquées.

Des gens qui sentent la fin de la toute-puissance. Des personnes qui sont persuadéesque rien ne va plus entre elles que rien ne va plus entre elles et les Guinéens. Des citoyens longtemps tenus en laisse à force de mensonges, de promesses, d’intimidations, de chantages et de violences. Pour perpétrer, ce mode de gouvernance, on recourt à tout.

Ethnostratégie

Les recettes d’hier, pourtant en désuète, ne semblent pas être délaissées. Le pouvoir croit toujours en ses forces maléfiques et ses capacités hypnotiques. Il ne rate aucune occasion pour les mettre en avant au mépris de toute décence, de rationalité même. D’où le vent de folie qui souffle sur le pouvoir de Conakry. L’inéluctabilité de la situation actuelle et des jours à venir semble donc faire perdre raison, autant qu’ils en ont conservé ces dix dernières années, à bon nombre des tenants du système Alpha Condé. L’Arc-en-ciel, quant à lui, a disparu avec l’horizon qui s’assombri. Fleu-rant l’atmosphère, il s’est éclip-sé dans les cieux et laisse le Rpg seul affronter l’orage.

D’aucuns parlent d’ouragan. Quand on entend de la bouche d’un ministre censé représenter l’Etat dans son caractère d’indivisibilité déclarer : « Je sais que vous ne voulez plus revivre les brimades et les humiliations qu’on nous a fait subir … », on se demande où veut-on emmener la Guinée. De telles déclarations font hérisser les cheveux de tout guinéen raisonnable, patriote et soucieux de la préservation de climat social. (…). Tenir ce genre de discours en distillant la peur et la division à la veille d’échéances électorales à haut risque relève non pas de l’inconscience mais de la volonté délibérée d’opposer les Guinéens. Inciter la partie de la population à laquelle on s’adresse à se préserver des autres qu’on présente comme des bourreaux n’est pas qu’irresponsable. C’est criminel. Soyons sérieux. (…) Ce qui est choquant, difficilement pardonnable, c’est lorsque le bourreau nargue la victime. C’est cette arrogance presque séculaire contre les mêmes populations longtemps résilientes, humbles et tolérantes.

Le président guinéen Alpha Condé

Discours présidentiel affolant

Pire que les délires de certains ministres, c’est le discours présidentiel qui est affolant. Quand on entend un président de la République déclarer à des citoyens chauffés à blanc à coups de billets de banques : « Levez-vous pour moi si vous ne voulez pas que vos enfants soient étrangers chez eux … », on se dit que la folie a envahi le pouvoir et la raison a foutu le camp. A-t-on vraiment à faire en Guinée à un président-candidat ou un chef de guerre ? A un homme saint ou en délire permanent mais tenu au secret de la déontologie médicale? Quand on a entendu ce même président-candidat clamer à la face du monde : « Je n’ai jamais tenu un discours ethnique. Je suis un démocrate. Je ne suis pas un dictateur », on ne peut que chercher celui qui a avancé ces propos le 6 octobre 2020 sur France24 et RFI.

Quand l’intéressé se défend en se prévalent d’aimer une région, le Fouta, sous-entendu une ethnie, en avançant des arguments ethniques pour se justifier, on se dit: un président de la république aurait-il besoin de clamer son amour pour telle ou telle région ou ethnie ? N’at- il pas tout simplement l’obligation d’être le garant de l’unité nationale ? D’appliquer dans son entièreté l’article premier de la constitution légale de 2010 ? Franchement, un peuple n’a pas besoin d’amour mais de confiance, d’efficacité, d’impartialité et de respect. Disons, qu’il en va en politique comme en amour tout simplement. N’oublions pas que des propos très graves et belliqueux avaient été tenus le 23 septembre 2020 par l’intéressé :« Cette élection n’est pas seulement une élection, c’est comme si nous étions en guerre. (…) Les autres candidats ont fait un bloc pour me combattre ». Ces accents guerriers aux relents communautaristes ne peuvent que renforcer les questions posées plus haut entre le chef de guerre, de rébellion et le chef d’Etat qui dirige la Guinée. L’insolence n’est pas en reste. Celui qui devrait incarner les valeurs morales, être la valeur morale par référence tout court, n’a-t-il pas tenu d’autres propos plus enflammés dans un quartier populaire de Conakry : «… Laissez-les aboyer. La politique, ce n’est ni l’injure ni la violence, ni les jets de pierre». Inconscience des propos, des termes employés, de leur sens et portée ? Simple inconscience en soi ou perte de la conscience de la fonction présidentielle ?

Quant aux Alpha-den

Ne disons pas grand-chose des Alpha-den qui sillonnent certaines régions de la Guinée. Notamment leur ville dite natale dans lesquelles ils n’ont pas vécu plus d’un mois depuis leur naissance. Face à des populations qu’ils ont contribué à réduire à la pauvreté, ils distillent quelques billets de banque, seule raison de leur engagement auprès de Papy-Alpha, et promettent qu’en votant pour leur père (à eux), la Guinée va décoller. On va juste leur demander vers quelle destination. Espérons que tout notre peuple ne va pas décoller pour atterrir au carré du cimetière de Bambéto, jusque-là réservé à une seule partie de la population, l’ethnie bien-aimée aux plus de 200 morts du système. En tout état de cause, conseillons au pouvoir guinéen de faire vite et de planter l’usine de bonbons, de chewing-gum de Mamou pour que les plus jeunes en profitent auparavant. A moins que cette fois-ci, avec cette affaire d’usine, le mensonge-là même est devenu plus gros et plus grand que son auteur, comme diraient les ivoiriens. Au vu de ces canulars successifs, aux discours haineux et revanchards, on est en droit de plaindre notre peuple dont l’existence ne resurgit dans le souvenir des dirigeants qu’au moment des élections. Un peuple qui, à défaut d’avoir de courant et d’électricité sera bientôt gratifié d’un toit par famille. Une promesse de plus que bénéficierait Kankan au cas où les consignes seraient respectées.

…Pas deux versions ni deux drapeaux à Kankan »

Qui dirait le contraire? A Kankan comme ailleurs, la confusion a été semée par le drapeau Arcen- ciel qui, avec ses multitudes couleurs, a semé la confusion. Il y a été imposé, comme ailleurs, à la place de notre drapeau tricolore : Rouge, Jaune, vert. Qui ne serait pas content qu’il n’y ait qu’un seul drapeau dans tout le territoire ? Cela marquerait le retour à l’unité nationale. Tous les Guinéens seront en liesse si un tel jour arrivait. Les Kankanais bien plus. Et pour cause ? Ce jour-là, la Haute-Guinée ne sera plus opposée à laBasse- Guinée. Cette dernière ne sera pas opposée ni à la première région ni aux autres. On cessera alors de prendre les Basse- Côtiers comme des pourvoyeurs de pouvoir que les régimes qui se sont succedé en Guinée ont réduit en quémandeurs dès le lendemain. On ne va plus se ruer vers leurs richesses minières et halieutiques aux fins d’un clan au pouvoir. On ne les opposera plus selon qu’ils sont Bagas ou Soussous. On ne les approchera plus parce qu’ils sont Kountigui (autorité morale) proche du pouvoir ou non. Ils seront respectés comme des Guinéens à part entière. Il en sera de toutes les autres régions, de tous les citoyens.

De la hantise de l’autre à la parole en folie

La peur de l’autre, voire son mépris, pousserait-elle à autant d’écarts de langage ou de parole en folie en politique ? Alpha Condé s’aurait-il que Cellou Dalein Diallo est son successeur comme Lansana Conté l’aurait imaginé de lui ? On a entendu, comme mentionné plus haut « les autres candidats ont fait bloc contre moi ». Depuis le constat a été établi que toutes les équations mènent au même dénominateur commun.: «Si vous votez pour un candidat Malinké qui n’est pas du Rpg, c’est comme si vous votiez pour Cellou Dalein Diallo. (…)Dans la région du Fouta, il n’y a pas d’autre candidat que Cellou », avait-on entendu le 23 septembre du candidat- RPG.

Le directeur de campagne renchérit, et prouve à suffisance, la hantise d’un certain candidat parmi les onze en lice. Ainsi, déclarait-il à Kindia, le 10 octobre, Ibrahima Kassory Fofana : « En Basse Guinée, nous n’avons que quatre candidats mais qui n’ont pas de chance de (gagner). Si vous votez pour Abé Sylla, Kabélé Camara, ça veut dire que vous avez voté pour Cellou. Parce que Kabèlè n’aura pas cette élection, ni Abé Sylla, encore moins les deux Makalé. C’est entre ces deux : Cellou et Alpha». Quel mépris! Quel avilissement de citoyens, comme lui, pour ne pas dire plus que lui ! Au nom de quoi peut-il dire qu’un candidat vaut mieux que l’autre. Pire, n’en vaut pas la peine ? Espérons que les intéressés, quels que soient les résultats des urnes, sauront avec qui composer pour faire ravaler ces propos offensants et humiliants. Une telle posture, un tel mépris de l’autre, expliquerait fortement l’exclusion d’Edouard Zoutomou Kpogomou, qualifié de candidat de la Guinée-Forestière, quand bien même il postule à la présidence de la République.

En tout état de cause, si toutes les équations mènent aux mêmes résultats, si, sans les autres, et mêmes avec eux, (vu qu’ils ne pèsent rien selon le Premier ministre guinéen), ce sera Cellou Dalein Diallo qui va gagner, pourquoi tant de bruits de casseroles ? Pourquoi tant d’agitation? Les mathématiques ne mentent pas. Encore mieux, ce sont les concurrents eux-mêmes qui ont posé et résolu l’équation. Pour une fois, un guinéen a fait mentir Albert Einstein qui disait : « Il ne faut pas attendre que celui qui a créé le problème apporte la solution ». Mais si, en Guinée, on échappe à toute logique. On a la solution mais on pose quand même le problème. Drôle de nous, Wallay ! Ce que ne disent nos mathématiciens, c’est qu’ils savent bien comment la victoire de celui à qui ils font allusion est obtenue d’avance. Au fait, que veulent-ils dire ? C’est qu’un bulletin glissé dans l’urne pour Ousmane Kaba reviendrait à Cellou Dalein Diallo. Il n’y a pas de différence entre « un Malinké qui a voté pour Alpha Condé» et celui qui a donné sa voix au même Ousmane Kaba, Abé Sylla, à l’une des Makalé (Traoré et Sylla), à Kabélé Camara ou à un autre.

Le tout reviendrait à Cellou Dalein Diallo, non par la fraude mais par le vote majoritaire des citoyens. Ils sont Einstein, mais nous aussi. Tallay ! Nous avons bien compris, que le pouvoir guinéen, dans la perspective de son échec à la présidence du 18 octobre 2020, a atteint un degré inquiétant de violence verbale, de tentatives d’opposition des Guinéens. Sa frénésie et son exaltation au communautarisme, à l’ethnocentrisme, par le goût effréné du pouvoir d’un homme risquent d’être incontrôlables si nous n’y prenons garde. A nous tous de faire le bon choix le 18 octobre 2020 pour notre propre avenir et celle des générations futures.. *Alpha-den (fils d’Alpha)

Par Lamarana-Petty Diallo
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