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A propos de la lettre du président français : Macron ne félicitera pas Alpha Condé

Quand le président français Emmanuel Macron a décidé de n’adresser que des «vœux de succès» à son homologue guinéen Alpha Condé, en s’abstenant de le féliciter pour sa victoire à la présidentielle du 18 octobre validée par la Cour constitutionnelle, il a fallu une sortie du chef de la diplomatie française pour mettre fin aux déformations délibérées et aux interprétations tendancieuses de la lettre envoyée à Conakry.

Au cours d’une audition à l’Assemblée nationale française, Jean-Yves Le Drian, interpellé par Frédérique Dumas, députée des Hauts-de-Seine, sur les félicitations que Macron a adressées à son homologue ivoirien Alassane Ouattara alors qu’Alpha Condé s’est aussi accordé un 3e mandat, a laissé entendre que Macron ne félicitera pas Condé pour sa réélection à un 3e mandat. La question, la députée Dumas l’a formulée ainsi qu’il suit : « Trouvez-vous normal que le président français félicite le président d’un autre pays pour sa réélection alors que cette dernière s’est faite au mépris de la constitution ? Trouvez-vous normal que le président de la France puisse distribuer des bons points en fonction de son intérêt du moment ? » En réponse, le ministre Le Drian a déclaré qu’il « n’assimile absolument pas la posture concernant la Côte d’Ivoire avec celle concernant la Guinée Conakry. Il faut être très clair. En Guinée Conakry, il y a eu une réforme de la Constitution pour permettre au président Alpha Condé de se représenter au-delà des deux mandats. Les élections ont eu lieu, il y a eu quelques complications. Il y a eu des difficultés à la suite de ces élections (…). Le référendum qui avait abouti au changement de constitution lui-même avait été marqué par des violencesDonc, nous considérons qu’il revient au président Alpha Condé de poser des gestes d’ouverture pour apaiser les tensions qui existent toujours en ce moment dans son pays. »

« Soyons clairs … »

Contrairement au guinéen, l’ivoirien «  avait annoncé publiquement et très concrètement sa volonté de se retirer au terme de deux mandats. Il se trouve que M. Coulibaly, le candidat qui devait représenter le parti de M. Ouattara pour l’élection est décédé, il était en campagne. On ne peut pas suspecter M. Ouattara d’avoir organisé tout ça pour lui-même

« Devant cette situation particulière », explique M. Le Drian, « c’est son choix. Mais ce n’est pas du tout le même dispositif constitutionnel en Guinée. C’est pourquoi le président Macron a félicité M. Ouattara pour sa réélection, mais n’a pas félicité M. Alpha Condé pour l’instant. Soyons clairs sur ce sujet. Nous souhaitons en Côte d’ivoire que les actes d’ouverture puissent se faire. Des ouvertures ont été faites à l’égard du président Bédié. Il y a eu des annonces d’ouverture à l’égard de M. Gbagbo. Nous souhaitons que le président Ouattara poursuive dans cette logique. Nous espérons qu’elle puisse aboutir à une situation plus sereine dans ce pays. »

Dans un article publié le mardi 1er décembre par l’agence France-Presse (Afp), on lit que le président « Macron a mis plus de trois semaines depuis la proclamation de la victoire de M. Condé et un mois et demi depuis l’élection pour adresser au président guinéen cette lettre dans laquelle affleure la désapprobation française devant les conditions du scrutin. Elle rappelle les divisions et les interrogations qui ont marqué cette élection ».

Cette position de principe est soutenue par les pays de l’Union européenne (Ue), le Canada et les Etats-Unis, ainsi que certains membres de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif).

Condé perd un soutien

Dans les pays occidentaux respectueux des droits de l’homme et adeptes de la démocratie, les dernières nouvelles ne sont pas à l’avantage du parti au pouvoir. La formation politique d’Alpha Condé est entrain de perdre son meilleur soutien français au sein de l’Internationale socialiste.

Les relations entre le Parti socialiste (Ps) français et le Rassemblement du peuple de Guinée (Rpg Arc-en-ciel) ne sont plus au beau fixe. Et pour cause ? Dans une lettre adressée le 25 novembre 2020 à des «citoyens guinéens de la diaspora en France », le Premier secrétaire du Ps, Olivier Faure, a indiqué que ce qu’il « regrette, profondément», c’est que l’installation d’Alpha Condé au pouvoir, «il y a dix ans, n’a pas apporté la promesse de la consolidation de la démocratie » pour que Condé prétende continuer à diriger le pays.

  1. Faure, qui suit de près la situation qui prévaut à Conakry et dans les provinces marquée notamment par les« violences postélectorales(qui) se sont ajoutées au décompte macabre des centaines de morts et de blessés depuis le début de la contestation contre un troisième mandat du président Alpha Condé, il y a près de vingt mois», souligne que « l’incarcération de plusieurs figures majeures de l’opposition est une autre source d’inquiétude ».

Tous cela montre que le régime Condé, dont les partisans déformaient et interprétaient à leur manière, les termes «vœux» pour des «félicitations», n’a d’appui sur lequel compter désormais que le collectif des pays qui ferment les yeux sur les violations des droits de l’homme et des principes de la démocratie, au premier rang desquels le duo Russie-Turquie.

Par Le Populaire

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