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Élections communales en Guinée : entre réalité et fantasmes

Les élections communales auront lieu dans quelques jours.  A couteau doublement tiré au sein d’une même formation politique et entre partis adverses, ces élections se présentent comme une porte ouverte sur Sékhoutouréyah.

Forts de ce fantasme, bien d’acteurs politiques et leurs vassaux semblent oublier que si ces élections sont une voie royale pour 2020, elles constituent aussi un gourdin sur la tête des prétendants de cette autre échéance électorale.

C’est dans ce contexte que se font et se défont les alliances. Des alliances en nombre limité par rapport aux législatives. Ces dernières ont montré aux plus offrants d’alors qu’indiquer la route qui mène chez la prétendante équivaut à la pousser entre les mains du concurrent. Tout simplement, se déshabiller pour vêtir l’adversaire est une erreur à ne pas répéter.  Et c’est tant mieux ainsi.

Du coup, faire cavalier seul est le meilleur moyen de s’affirmer pour faire prévaloir son leadership. Macky Sall en a usé en son temps et s’est retrouvé à la Présidence de la République. Pourquoi pas le même scénario en Guinée avec une dose de stratégie qui n’est pas encore très lisible pour les partis politiques qui sont dans le carré de départ.

En tout état de cause, les deux premiers partis du pays, le RPG et l’UFDG se voient déjà vainqueurs. Et cela serait dans la logique des choses. Cependant, ce serait également une grosse sottise de croire qu’une victoire aux communales installe de facto le parti gagnant au pouvoir.

Les communales servent, il est vrai, de baromètre mais elles ne remplissent pas toutes les conditions qui garantiraient une victoire en 2020. J’exclus en ce qui me concerne la question de troisième mandat qui relève d’une autre paire de manches.

A observer de près, les deux partis cités sont en train de commettre cette erreur en réduisant la victoire aux communales en une équation mathématique : victoire de février 2018 est égale à victoire en 2020. L’UFDG notamment devrait éviter un nouveau piège. Si tous les partis doivent être vigilants et combattifs, mesurés et sereinement optimistes, l’UFDG se doit de l’être plus que tous.

Les communales qui se dessinent sont incontestablement importantes mais ne sont ni déterminantes ni suffisantes au point de faire élire quelqu’un à la présidence : chaque élection à sa portée et ses enjeux.  Ces derniers étant la capacité de toute entité politique de mobiliser et vaincre face à l’échéance en question. Chacun devrait mettre de côtés ses certitudes de victoire déjà acquise pour revenir à la réalité et faire en sorte de gagner le plus grand nombre de communes.  Il faudrait également avoir à l’esprit, l’enjeu du second tour par le jeu d’alliances.  En la matière, l’opposition guinéenne ignore pas ce dont est capable le RPG.

Il faut la victoire tout naturellement en gagnant obligatoirement ces communales. Mais il faut beaucoup plus pour transformer cette victoire en un plébiscite pour la future présidentielle. Il est presque stupide de vouloir confondre communales et présidentielles comme on l’entend dans certains médias. Plus généralement de la bouche des mêmes personnes qui ont fêté 2005 et 2010 avant terme. Les mêmes ne risquent-ils pas encore, à force de tirer sur la corde du griottisme, (vocable que j’ai forgé en 2008,) d’induire l’UFDG et d’autres dans les mêmes erreurs du passé ? Une erreur qui sera cette fois- ci fatale pour les uns comme pour les autres.

À mon avis, il faut diminuer les ardeurs à flatter les leaders et consacrer les efforts, tous les efforts à la victoire tout en décelant les pièges qui pourraient en découler. Il faudrait éviter de faire comme en 2005 dont la gueule de bois n’est toujours pas terminée pour certains militants. Il ne faudrait pas se conforter dans une victoire qui n’est qu’un préalable et oublier l’ultime combat pour une victoire finale de l’opposition en 2020.

Il serait bon d’arrêter les hypothèses, « les si on gagne » en mettant en avant « si on perd » qu’adviendrait-il.  Car la peur de perdre mène le plus souvent à la victoire. En revanche, la certitude absolue de gagner sans mener la bataille qu’il faut conduit inévitablement à la défaite. Alors, faisons comme si rien n’était fait et que tout reste à faire.  Il faudrait donc être moins volubile en flatterie et plus critique de manière constructive.

Il est bien connu que des partis comme l’UFDG est en pole position mais beaucoup d’autres ne sont pas si loin du carré de tête. Il faut d’ores et déjà penser aussi au deuxième tour de ces communales en donnons moins de coups de sabots aux concurrents. Certains d’entre-eux pourraient céder quelques voix car l’adversaire d’hier peut être le meilleur allié de demain. Inversement, l’allié du jour peut se révéler le plus terrible des adversaires. La morsure de celui-là ne se limite pas à la chair. Il   cherchera à atteindre l’os.

La campagne commence officiellement. Certains la relie tellement à l’échéance des présidentielles qu’ils chantent et galvaudent partout : si on gagne les communales on gagne 2020.  Cette ide est poussée tel point que les plus zélés du parti au pouvoir menacent les fonctionnaires pour les obliger à voter paour le RPG.  Rien d’étonnant pour ces gens d’une époque révolue qui continuent de prendre impunément la Guinée en otage. Ils pensent encore les embrigader comme au temps du parti unique.  Mais la rime des sigles : RPG/PDG ne signifie pas identité. Ils peuvent donc continuer à vociférer et menacer. Les citoyens, fonctionnaires ou pas, voteront pour qui ils voudront.

Enfin, en politique comme en sport, il faut être acrobate et en même temps savoir aller à l’attaque. Pour ladite opposition, il faudrait que les législatives soient éclipsées par une victoire éclatante aux communales.

Et dans cette hypothèse, les partis politiques de l’opposition, notamment le premier d’entre-eux, pourrait voir se réaliser, le rêve de 2020. A cette fin, une stratégie de recomposition ou de reconstruction s’impose.

Bonne campagne à tous les Guinéens pour des élections paisibles.

Lamarana-Petty Diallo

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