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Enrôlement des mineurs, la plaie béante du processus électoral guinéen

La Ceni est soupçonnée d’être de connivence avec l’Exécutif qui gère la distribution des matériels électoraux. Cette institution chargée d’organiser les élections en Guinée peine à justifier le manque de kits dans les fiefs de l’opposition. Et à convaincre l’opinion sur sa capacité de corriger l’enrôlement massif des mineurs dans les circonscriptions acquises au Rpg Arc-en-ciel. Sans que cela n’impacte gravement sur le rendez-vous électoral du 16 février prochain.

Débutée le 21 novembre dernier avec des retards de plusieurs jours par endroits, la révision du fichier électoral prend fin officiellement le lundi 16 décembre 2019.

Sur le terrain, l’opération rencontre assez de difficultés. Surtout dans les fiefs de l’opposition, par l’arrivée tardive et les pannes fréquentes des kits, les retards dans le démarrage des opérations dans plusieurs Commissions administratives d’établissement et de révision des listes électorales (Caerles), l’insuffisance et parfois le manque de matériel et de consommables, la rupture des récépissés qui sont la preuve d’une inscription sur la liste électorale.

«Fuite en avant»? 

Dans une déclaration publiée jeudi 5 décembre 2019, l’opposition guinéenne (Coalition des partis pour la rupture – CPR, Opposition républicaine – OR- et Convergence de l’opposition démocratique – COD) dénonce  l’enrôlement des mineurs dans les fiefs du Rpg Arc-en-ciel.

A Kankan, un bastion acquis au régime en place, Saïkou Yaya Diallo déployé par l’Ufdg dans le cadre de la supervision de l’opération de recensement des électeurs, a été arrêté vendredi 29 novembre 2019, dans le quartier Missira pour avoir pris des images d’enrôlement des enfants dans une Caerle.

«De tels actes discréditent la Ceni et augurent de façon certaine des conflits électoraux ou post électoraux aux conséquences imprévisibles», préviennent les opposants qui, «dans le souci de préserver la paix sociale» demandent l’arrêt du processus en cours jusqu’à la prise, de manière concertée, des mesures correctives nécessaires. A qui la faute, si le Code électo-ral accorde des prérogatives de la gestion et la distribution des matériels électoraux au ministère en charge de l’Administration du territoire?

L’opposition multiplie les griefs. Le parti au pouvoir rétorque à tout va qu’elle a les mains propres et la conscience tranquille. Dans les faits, la Ceni est paritairement composée des commissaires désignés par la mouvance et l’opposition. Chacune des parties prenantes a un œil sur le processus électoral.

Selon Souleymane Kéita, conseiller à la Présidence de la République, «il n’appartient pas à un parti politique de demander l’arrêt d’un processus électoral en cours, auquel il participe de plein pied. C’est une fuite en avant, l’opposition doit mettre de l’eau dans son vin. L’opposition est en perte de vitesse et elle n’est pas capable aujourd’hui de s’organiser à l’interne. Il ne faut pas nous masquer cette réalité en nous faisant divertir sur des questions qui n’en valent pas la peine».

Ceni peu rassurante  

Après les tôlés suscités par l’enrôlement des mineurs, la Ceni  soutient avoir entamé des enquêtes et pris «des dispositions informatiques pour déce-ler et radier tout enregistrement de mineurs».

L’institution affirme avoir instruit aux présidents de Cepi de sillonner les Caerles et de prendre des dispositions disciplinaires contre tout agent de recensement impliqué dans un cas d’enregistrement illégal. «Le logiciel dont dispose la Ceni permet de faire un audit et de savoir exactement quel opérateur et à quel moment il ou elle a enrôlé un électeur», lit-on dans un communiqué de la CENI qui rassure avoir pris toutes les dispositions pour doter la Guinée d’«un fichier électoral assaini et sécurisé».

A en croire le président de la Ceni, Me Amadou Salif Kébé, le manque de kits ne va pas gravement impacter l’opération d’enrôlement. Malgré «un démarrage timide dû à quelques difficultés, sou-tient-il, les opérations de révi-sion et d’enrôlement se poursui-vent assez bien».

«L’engouement exceptionnel suscité également par l’opération a entrainé par endroits à une forte pression sur les équipes et les kits d’enrôlement. Pour autant, cela n’a absolument rien de grave et ne doit susciter aucune panique»Me Salif Kébé dit que «tous les problèmes techniques et matériels ont été résolus. Et, partout où des soucis d’ordre technique ont persisté, la Ceni y a apporté des réponses appropriées. Et il en sera ainsi tout le long de l’opération d’enrôlement et de révision des listes».

Pour pallier aux difficultés sur le terrain, le président de la Ceni annonce le déploiement de 40 maintenanciers techniques, 10 administrateurs régionaux, 40 coordinateurs préfectoraux et 600 superviseurs en vue de prendre en charge et traiter toutes les questions d’ordre administratif.

Débrayage

Alors que la Ceni donne des assurances sur le déroulement du recensement, les membres des 306 Caerles de la commune de Ratoma à Conakry ont manifesté jeudi 5 décembre devant le siège de la Commission électorale communale indépendante (Ceci) pour exiger l’augmentation de leur prime fixée à 200.000 FG pour les 25 jours, à raison de 8000 par jour.

C’est à ce moment précis que le National democratic institute for international affairs (NDI) et la Fondation Kofi Annan (KAF) ont choisi d’effectuer  une mission d’évaluation pré-électorale du 9 au 13 décembre 2019 conduite par les anciens présidents du Bénin, Nicéphore Soglo,et Goodluck Jonathan du Nigéria. La délégation prévoit de rencontrer les parties prenantes au processus électoral (la Ceni, les partis politiques, la société civile, les médias et les partenaires internationaux) afin de mieux s’informer sur les préparatifs de ces élections dont la tenue préconisera la présidentielle devant aboutir à la première alternance au pouvoir par les urnes depuis 1958. A condition que l’Organisation internationale de la Francophonie -OIF- et les autres institutions et pays partenaires de la Guinée veillent au grain.

L’espoir est permis. Cette étape de l’assainissement du fichier est une épreuve déterminante de la suite à donner au processus en cours.  Cependant, un adage peul enseigne  que «la délicieuse sauce sent bon dès qu’elle commence à bouillir».

Par Abdoul Malick Diallo

 

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