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Essai d’un plan de riposte global à la pandémie de Covid-19

Le contexte crée par le covid-19 est particulier et unique en son genre, de par son impact multiforme sur nos sociétés. Effectivement de jour en jour depuis Décembre 2019, le monde a appris à ses dépens, par à-coups successifs sur la sévérité et la puissance destructrice de cette pandémie. Elle désarçonne toutes les prévisions et autres politiques de résilience contre les catastrophes naturelles. Une telle catastrophe infectieuse depuis la « grande grippe » Espagnole, ne s’était jamais manifestée dans nos cités modernes, nous faisant oublier le péril infectieux autrement plus dangereux que toutes les autres catastrophes naturelles.

Nous sommes en face d’un « ennemi », insidieux qui a su subjuguer notre monde en le frappant dans ses composantes vitales : la démographie, l’économie, le sociopolitique, donc dans sa Gouvernance Globalisée. Aucun expert n’a au préalable, modélisé un arrêt total de toute l’activité mondiale, à ce titre il faut alors comprendre que les ripostes, de part et d’autre, seront sujettes à tâtonnements et même à expérimentations.

En ce qui nous concerne la Guinée en particulier, faisons notre diagnostic et tâchons d’y apporter des solutions idoines à la hauteur de nos moyens en première instance, avant l’apport de donateurs bi ou multilatéraux. La pandémie entraîne une situation globalement désastreuse, impactant le sanitaire, l’économie et le sociopolitique en dernier ressort. Ceci rend difficile l’élaboration d’un plan de riposte contre cette pandémie, car toute riposte doit être à travers un plan transversal, prenant en compte toutes ces implications.

Cet impact peut se résumer en trois chocs essentiels :

-le choc sur nos ressources humaines, chômage, maladies  débilitantes d’une frange importante de nos populations,
-le choc sur l’offre dans sa globalité, tout l’appareil de production étant à l’arrêt,
-le choc sur la demande,

Notre Plan de riposte, devrait donc prendre en compte ces différents paramètres pour alléger les conséquences à venir à court, moyen, termes de la pandémie. Il nous appartient d’y apporter des solutions idoines, prenant en compte nos spécificités.

Le Choc sanitaire et humain :

C’est le premier choc qui s’impose à nous, étant le facteur déclencheur de toute cette problématique. Pourtant de par ses effets induits, sa solution ne suffirait pas elle seule à résoudre tous les problèmes qu’il a engendrés.

A l’instant présent en Guinée, nous sommes en situation de débordement par la pandémie :

-pas suffisamment de kits pour tester en masse et mieux organiser la défense de nos populations analphabètes en majorité, qui ont du mal à comprendre la dangerosité du phénomène,
-pas de vaccin encore disponible,
-impossibilité d’un confinement total, tant nous vivons au jour le jour (95 à 98% de nos familles ne pouvant faire des stocks de plus de trois jours à une semaine).
-pas d’infrastructures sanitaires suffisantes pour héberger une éventuelle massive morbidité, notre plateau technique est obsolète, au regard de l’énormité des besoins à venir,
-un personnel soignant inadapté, qui aura besoin d’une formation rapide, pour faire face à cette gigantesque tâche,
-l’absence d’un protocole thérapeutique national propre reflet de nos conditions et possibilités,

QUE FAIRE :

-Abandonner une démarche thérapeutique classique scientifique basée sur des résultats d’exploration probants. Nous n’en avons ni le temps ni la capacité, nous sommes en deçà des moyens requis pour une telle démarche.
-Se pourvoir en médicaments cités ailleurs même en l’absence d’arguments scientifiques suffisamment probants: Chloroquine, Azythromicine, sulfate de zinc, paracétamol, oméprazole, sirops antitussifs, Vitamine C, curare ou similaire.
-Se procurer des respirateurs,
-Procéder à la formation de toute urgence, sous le contrôle de médecins Anesthésistes,  de jeunes médecins en ABC de l’anesthésiologie, pour leur permettre d’intuber et curariser si nécessaire des patients.
-Mettre en place un protocole adapté simple, disponible, accessible sur toute l’étendue du territoire et former tout le personnel paramédical et médical à son application.
-Le protocole devra promouvoir le traitement de masse, à partir d’éléments symptomatiques bien sélectionnés, par le collège médical. Par exemple mettre en place un protocole, prenant en charge concomitamment le traitement de la Malaria et du Covid-19. Etant dans une situation peu ordinaire de traitement de masse, une importante partie de notre territoire sanitaire manque de laboratoires. On devrait minimiser le risque de perdre certains de nos patients par Malaria, tant les symptômes des deux pathologies sont superposables.
-Le plan détaillé ne saurait être déployé ici l’idée maitresse seule compte d’être exposée pour ne point alourdir ce texte de réflexion. Une autre composante du choc humain sera saisie dans un autre paragraphe de par sa nature transversale.

LE CHOC DE L’OFFRE :

L’arrêt de tout le secteur productif entrainera à brève échéance une pénurie de l’offre sur tous nos besoins de consommation. Il se pourrait que l’on possède des « sous » sans avoir de marchandises à acheter ! Cette déflation s’installant, le pays tout entier sera exposé à de graves troubles sociaux allant jusqu’à la désobéissance civile.

Il est donc impératif de soutenir et maintenir certains secteurs essentiels de nos activités (production alimentaires, maraîchages, cultures vivrières diverses, etc…). Les marchés aux denrées doivent être supportés afin de les maintenir fonctionnels.

Les approches de solutions à mettre en œuvre ici devront inclure, comme dit plus haut, une frange importante de nos moyens humains. Ce sont nos jeunes sans emplois, nos femmes et hommes marchands d’aliments frais (légumes, poissons, viandes, céréales etc…). Le plan détaillé ne saurait pour les mêmes raisons que précédemment être déployé ici.

LE CHOC DE LA DEMANDE :

Ce choc est déjà installé, il suffit de parcourir nos marchés aux denrées, pour le ressentir, avec tous ses prix qui sont en hausse vertigineuse. Cela s’en ira crescendo au fil de l’avancée de la pandémie. La solution à ce paramètre assurera une prise en charge de nos jeunes et femmes des zones urbaine et rurale. Leur mobilisation autour de projets productifs en biens alimentaires de consommation quotidienne sera un gage de bonne réussite de la riposte à ce choc sur la demande.

En conséquence de nouvelles réformes pourront être nécessaires et mises à profit (gestion des terres, lutte contre le chômage, retour vers les zones rurales, etc.…).  Tout comme précédemment le détail ne peut être fait ici dans cette note de motivation.

Dr Mamadi Diaré
Médecin Retraité Ex-Ambassadeur de Guinée en République Populaire de Chine Tél : 624 37 65 15

 

L’AGENCE DE RIPOSTE AU COVID-19 (ARC-19)

ORGANIGRAMME :

A la lumière de la problématique exposée plus haut, qui prévaut en Guinée, nous nous devons d’en tirer des leçons significatives afin de remédier à toute défaillance possible à venir. Au départ l’ANSS a été structurée comme un organe de veille sanitaire. A ce titre deux fonctions essentielles qui devaient être la leur, furent reléguées au second plan : la fonction préventive et celle curative.

Avec « Ebola », la nature violente de la pathologie ne permettait pas aux patients de se cacher pour longtemps, le portage sain n’existait pas. Ce qui est possible et effectif avec le COVID-19, rendant sa gestion différente et un peu plus difficile.

L’ANSS est touffue, confuse dans sa pratique, elle doit être remplacée par un organe plus transversal identifiant clairement les tâches à accomplir et attribuant des responsabilités claires et précises, pour une meilleure évaluation de notre riposte.

L’ARC-19 relevant du Ministère de la Santé sera structurée comme suit :

-Un conseil d’Administration comprenant un membre de chacun de ses départements.
-Le département préventif et curatif.
-Le département Financier.
-Le département de soutien à l’économie.
-Le conseil scientifique national en relation transversale, étant sous la tutelle du ministère de l’Enseignement Supérieur (par décret antérieur du PRG).
-Le département logistique.

Conseil d’Administration :

-Un Président,
-Un Secrétaire exécutif,
-Un secrétaire à la Communication,
-Un Secrétaire,
-Les membres (chefs des différents départements cités plus haut). Il reste entendu que le Président, le Secrétaire Exécutif, le Secrétaire à la Communication, le Secrétaire des séances, sont les mêmes chefs de Départements. Le CA comptera donc cinq membres,
-Un Conseiller Juridique en fonction d’attaché.

Le Département Préventif et Curatif

Ce Département comptera l’essentiel des personnels de santé, il sera coiffé par une structure multidisciplinaire. Cette structure sera chargée de mettre en place :

-un protocole national thérapeutique et sa politique de mise en œuvre,
-un protocole national de prévention et sa politique de mise en œuvre,
-les mécanismes d’implémentation, d’évaluation.

Une liste exhaustive de 25 à 30 cadres médicaux et paramédicaux est en attache de la présente note.

Le Département Financier :

Il est à souhaiter que le service financier actuel de l’ANSS soit maintenu en fonction, pour plus de célérité et de suivi dans le fonctionnement de l’ARC-19. Étant entendu que l’ARC-19 démarrera sur les fonds déjà disponibles à l’ANSS.

Le Département de Soutien économique :

La riposte au COVID-19 est un plan multidimensionnel vu la nature même des impacts de la pandémie sur notre société. Pour un pays comme le nôtre, ne disposant pas d’énormes réserves en ressources diverses (alimentaires, matérielles, financières…), il convient de parer au plus urgent : le maintien de notre marché alimentaire « vivant » donc fonctionnel. Cela par son approvisionnement continu en denrées alimentaires essentielles de base.

Nos experts doivent recenser les terres disponibles (comme les anciennes FAPA) et les réquisitionner. Sélectionner les denrées de base essentielles à nos ménages, Sélectionner leurs semences hâtives, très hâtives même, qui devront soutenir un programme de culture de « masse ». Ce Département devra urgemment faire « un appel à candidature » sur toute l’étendue du territoire, pour recruter les futurs fermiers dont nous avons besoin.

Ce programme est susceptible, s’il est bien élaboré et suivi, de soutenir notre marché alimentaire pendant et après la crise. Jugulant ainsi une part importante de l’inflation-déflation conséquente à la crise. Cette démarche est salutaire car elle permettrait la création d’emplois durables dans le pays, dans un secteur qui en a fortement besoin.

L’autre volet de ce soutien à notre marché, est celui de la distribution. Produire c’est bon, mais faut-il que la production atteigne les « demandeurs ».

A ce titre l’état doit forcément s’investir dans le rachat de la dette des petits emprunteurs des micros finances (MUFFA, YETEMALI, COFINA, CREDIT CASH, et autres mutuelles du genre.

La micro finance est un des moteurs actuels du développement dans les sociétés déstructurées comme le sont la plupart des sociétés des pays sous-développés. Ces petits emprunteurs sont ces braves femmes et hommes, assurant la distribution traditionnelle, qui ont perdus leurs fonds de commerce depuis la crise sanitaire. Nous sommes certains, que cette masse fiduciaire n’excéderait pas les possibilités de notre Gouvernement. Qui surtout qui dédie son action aux femmes et aux jeunes.

En plus de ces mesures, d’autres suivront pour la régulation du transport de ces marchandises prioritaires.

Le Département de la logistique et de l’Approvisionnement :

Il est essentiel à tout le systèm e de riposte, il est important que les biens de la riposte soient séparés des autres biens et équipements logés dans des services et institutions habituelles de l’état. Les devoirs, obligations de transparence et la responsabilité dans la gestion des biens de la riposte, devront être clairement situés. Un service d’audit interne sera plus que nécessaire pour un suivi au quotidien.

Chacun des départements cités plus haut mettront en place leur plan d’action détaillé dès leur installation. Ce qui est dit plus haut ne saurait être qu’à titre indicatif et base à une réflexion à plus large échelle.

 PROTOCOLE THERAPEUTIQUE

Ce protocole donne la priorité à la précocité de la prise en charge de masse. Ce qui peut sembler empirique, non scientifique, mais il se veut pragmatique, avec un seul et essentiel but :

-Limiter au grand maximum la létalité,
-La rupture de la chaine de contamination, par la prise en charge de tous les cas potentiels. Ces cas qui dans l’attente d’un test hypothétique, continueraient d’essaimer le virus. Cette prise en charge rapide basée sur certains symptômes qui seront ci-dessous cités, permettra l’assèchement de tous les foyers occultes ou non.

Afin d’utiliser nos données pour des motifs scientifiques à posteriori, tous les patients pris en charge seront prélevés et les échantillons transmis à un laboratoire central spécifique. Echantillons qui à loisir de la disponibilité de kits de tests seront examinés. Les résultats nous donneront par études rétrospectives « toute la physionomie » de ce qui a été la pandémie.

Le protocole :

Symptômes à prendre en compte :

-la fièvre,
-la toux avec ou non maux de gorge,
-les céphalées,
-le froid suivi ou non d’écoulement nasal,
-les douleurs musculo-articulaires,
-vomissements,

Nous recommandons que ne serait-ce que deux de ces signes déclenchent la prise en charge.

La prise en charge :

-faire une goutte épaisse immédiate, la positivité ou la négativité de ce test ne doit en aucun cas empêcher la mise en route du protocole.
-prélever dans les règles des échantillons pour un examen à posteriori au covid-19. Ces échantillons seront préservés dans les conditions édictées par nos experts biologistes ou virologues.

Traitement médicamenteux :

-Antipyrétiques, injectables ou non (suivant la sévérité de la fièvre), le Paracétamol est notre premier
-Chloroquine à la dose thérapeutique du traitement du paludisme,
-Alternative à la Chloroquine, qui ne marcherait plus tellement sur aucune espèce de plasmodium, nous recommandons de l’Artesunate en injection IV aux doses curatives recommandées par poids, pour 3 à 5 jours,
-Azythromicine 500mg, ou une Céphalosporine majeure (2e, 3e, génération) à raison de 1g IVD pour 3 à 4 jours,
-Vitamine C 1 à 2g par jour,
-Sirops antitussifs contenant un principe mucolytique et un broncho-dilatateur,

Les cas réfractaires évoluant vers la sévérité des complications respiratoires seront dirigés sur les centres spécifiques. Les familles contactes seront prises en charge dans le programme de prévention mis en place. Tout le personnel médical du pays devra être formé à l’utilisation de ce protocole au plus tôt.

Dr Mamadi Diaré

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