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Face à la pandémie Covid-19: 88 intellectuels africains interpellent les dirigeants du continent

Ils sont plusieurs dizaines à avoir apposé leur signature au bas de la lettre publiée sur le site Médiapart à l’intention des dirigeants africains. 88 intellectuels, comprenant des écrivains dont le Nigérian Wolé Soyinka, prix Nobel de littérature, plusieurs universitaires, chercheurs et enseignants, des économistes et des scientifiques. Un large collectif qui interpelle les dirigeants africains face à la pandémie du coronavirus.

La face cachée « d’une Afrique en mouvement »

L’heure est grave, constatent les signataires de la lettre. Ils déplorent le grand décalage révélé par la pandémie du coronavirus, entre « une Afrique en mouvement, célébrée de par le monde » depuis près de dix ans et celle que certains ont feint de ne pas voir. La face cachée d’une Afrique sur la voie de l’émergence économique, dont les taux de croissance positifs feraient pâlir d’envie plus d’un pays du Nord, ironisent-ils.

Une telle représentation que l’on finissait par croire réelle à force d’en rêver se déchire désormais devant une crise multiforme qui n’a pas encore livré tous ses secretsUn collectif d’intellectuels d’Afrique et de la diasporaLettre aux dirigeants africains

Le collectif observe que la pandémie du coronavirus montre tristement l’insuffisance de la réponse collective du continent tant sur le volet sanitaire qu’ailleurs.

« Il est important de repenser la santé comme un bien public essentiel, de revaloriser le statut du personnel de la santé, de relever les plateaux techniques des hôpitaux à un niveau qui permet à tous, y compris les gouvernants eux-mêmes, de se faire soigner en Afrique », plaident les signataires de la lettre.

« Sortir de l’imitation stérile »

Dans cet appel destiné aux dirigeants africains, le collectif des intellectuels considère que le temps est venu pour que le continent prenne en mains son destin. C’est le moment de sortir de « l’imitation stérile ». Ils en veulent pour preuve l’adoption sur le continent, sans souci contextuel, des régimes d’exception mis en place par les pays du Nord contre la propagation du Covid-19.

« Nombreux sont les dirigeants africains qui imposent un confinement brutal à leurs populations, souvent ponctué, lorsqu’il n’est pas respecté, de violences policières. Si de telles mesures satisfont les classes plus aisées, à l’abri de la promiscuité et ayant la possibilité de travailler à domicile, elles demeurent punitives pour ceux qui doivent recourir à la débrouille et aux activités dites informelles », observe le collectif.

Les signataires de la lettre tiennent à préciser qu’il ne s’agit pas pour eux « d’opposer sécurité économique et sécurité alimentaire ». Loin de là. Nous voulons plutôt insister, plaident-ils, sur la nécessité pour les gouvernements africains de prendre en compte les conditions de précarité chronique vécues par la majorité de leurs populations.

« Il est temps de changer de cap »

Les dirigeants africains sont invités à saisir l’opportunité de cette crise pour mutualiser leurs efforts afin de repenser l’idée d’un Etat au service du bien-être des peuples, de rompre avec le modèle de développement basé sur le cercle vicieux de l’endettement extérieur, de sortir de la vision orthodoxe de « la croissance pour la croissance » et du « profit pour le profit ».

N’oubliez pas, rappelle les signataires de la lettre, que le continent africain dispose de ressources matérielles et humaines pour bâtir une prospérité partagée sur des bases égalitaires et respectueuses de la dignité de chacun. « Nous n’avons pas le choix, nous devons changer de cap », concluent-ils. Tout en mettant en garde contre le risque de voir « une Afrique confinée dans un rôle de spectateur docile » au milieu d’une lutte géopolitique féroce et d’une guerre d’influence économique sans merci.

Les Signataires :
Wole Soyinka (Prix Nobel de Littérature 1986)

Makhily Gassama (Essayiste)

Cheikh Hamidou Kane (Écrivain)

Odile Tobner (Librairie des Peuples Noirs, Yaoundé)

Iva Cabral (Université lusophone de Mindelo)

Olivette Otele (Bristol University)

Boubacar Boris Diop (American University of Nigeria)

Siba N’Zatioula Grovogui (Cornell University)

Véronique Tajdo (Écrivain)

Francis Nyamnjoh (University of Cape Town)

Ibrahim Abdullah (Fourah Bay College)

Maria Paula Meneses (Université de Coimbra)

Amadou Elimane Kane (Institut Culturel Panafricain et de Recherche de Yene)

Inocência Mata (Université de Lisbonne)

Anthony Obeng (Institut Africain de Développement économique et de Planification)

Aisha Ibrahim (Fouray Bay College)

Makhtar Diouf (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

Koulsy Lamko (Écrivain)

Mahamadou Lamine Sagna (American University of Nigeria)

Carlos Nuno Castel-Branco (Économiste, Mozambique)

Touriya Fili-Tullon (Université Lyon 2)

Kako Nubupko (Université de Lomé)

Rosania da Silva (University Foundation for the Development of Education)

Amar Mohand-Amer (CRASC, Oran)

Mame Penda Ba (Université Gaston Berger)

Medhi Alioua (Université Internationale de Rabat)

Rama Salla Dieng (University of Edimburg)

Yoporeka Somet (philosophe, égyptologue, Burkina Faso)

Gazibo Mamoudou (Université de Montréal)

Fatou Kiné Camara (Université Cheikh Anta Diop)

Jonathan b (Witwatersrand University)

Rosa Cruz e Silva (Université Agostinho Neto)

Ismail Rashid (Vassar College)

Abdellali Hajjat (Université Libre de Bruxelles)

Maria das Neves Baptista de Sousa (Université Lusíada de São Tomé e Príncipe)

Lazare Ki-Zerbo (Philosophe)

Lina Benabdallah (Wake Forest University)

Iolanda Evora (Université de Lisbonne)

Kokou Edem Christian Agbobli (Université du Québec à Montréal)

Opeyemi Rabiat Akande (Harvard University)

Lourenço do Rosário (Université Polytechnique du Mozambique)

Issa Ndiaye (Université de Bamako)

Yolande Bouka (Queen’s University)

Adama Samaké (Université Félix Houphouët Boigny)

Bruno Sena Martins (Université de Coimbra)

Charles Ukeje (University of Ile Ife)

Isaie Dougnon (Fordham University)

Cláudio Alves Furtado (Université fédérale de Bahia, Université du Cap-Vert)

Ebrima Ceesay (University of Birmingham)

Rita Chaves (Université de São Paolo)

Benaouda Lebdai (Université du Mans)

Guillaume Johnson (CNRS, Paris-Dauphine)

Ayano Mekonnen (University of Missouri)

Thierno Diop (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

Mbemba Jabbi (University of Texas)

Abdoulaye Kane (University of Florida)

Muhammadu M.O. Kah (American University of Nigeria & University of the Gambia)

Alpha Amadou Barry Bano (Université de Sonfonia)

Sean Jacobs (The New School of International Affairs)

Yacouba Banhoro (Université Ouaga 1 Joseph Ki-Zerbo)

Dialo Diop (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

Rahmane Idrissa (African Studies Center, Leiden)

José Luís Cabaco (Universidade Técnica de Moçambique)

Mouhamadou Ngouda Mboup (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

Hassan Remanoun (Université d’Oran)

Oumar Ba (Morehouse College)

Salif Diop (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

Narciso Matos (Université Polytechnique du Mozambique)

Mame Thierno Cissé (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

Demba Moussa Dembélé (ARCADE, Sénégal)

Many Camara (Université d’Angers)

Ibrahima Wane (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

Thomas Tieku (King’s University College, Western University)

Jibrin Ibrahim (Center for Democracy and Development)

El Hadji Samba Ndiaye (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

Benabbou Senouci (Université d’Oran)

José Luís Cabaço (Université technique du Mozambique)

Firoze Manji (Daraja Press)

Mansour Kedidir (CRASC, Oran)

Abdoul Aziz Diouf (Université Cheikh Anta Diop de Dakar)

Mohamed Nachi (Université de Liège)

Alain Kaly (Universidade Federal Rural do Rio de Janeiro)

Last Dumi Moyo (American University of Nigeria)

Hafsi Bedhioufi (Université de la Manouba)

Abdoulaye Niang (Université Gaston Berger de Saint-Louis)

Lionel Zevounou (Université Paris Nanterre)

Amy Niang (University of the Witwatersrand)

Ndongo Samba Sylla (Économiste, Sénégal)

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