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Foison de coalitions militantes: La Guinée des vivats conformistes et hypocrites

Les guinéens ont un problème sérieux: ils n’arrivent pas à sortir de l’idolâtrie idéologique du premier quart de siècle de leur indépendance. Cette idolâtrie porte le culte de la personnalité au summum de la sublimation pour l’installer dans l’admiration aveugle. Nombre de coalitions politico-sociales actuelles en traduisent les survivances. Elles entreprennent à la hâte, des actions de promotion qui sont loin de traduire le contenu politique du discours de leur leader.

L’ancien Président Mao- Tse-Toung de Chine disait qu’être approuvé et applaudi est un besoin profondément humain. Toutefois, enseignait- il, si les chefs ont le droit d’être admirés, ils doivent distinguer la sincérité des militants des vivats venant des conformistes et des hypocrites. Il suffit de regarder la RTG et sa concurrente professionnelle, Evasion, pour convenir qu’ici, cette pensée du leader chinois reste d’actualité. En effet la Guinée vit une foison de coalitions militantes aux agitations si frénétiques qu’elles brouillent toute évaluation. Ceux qui « brandissent le drapeau jaune pour le jeter bas» (drapeau rouge en Chine de Mao) sont nombreux et malheureusement, se ressemblent dans leur manière de faire: ils savent soutenir le Professeur Alpha Condé et répéter ses discours. On dirait cependant que nombre d’entre eux ne comprennent rien de son langage politique.

Les évènements récents les ont affichés comme n’ayant rien compris des idées du Président exprimées à la convention du RPG. Ces idées tiennent en deux portions de phrases simples: « J’ai pris acte de votre demande. Toutefois je veux d’abord de votre part des propositions qui permettent au parti de n’oublier personne surtout les militants de la première heure.» En première réponse à cette orientation présidentielle, les coalitions de femmes ont proposé de payer la caution de candidature insinuant que le Chef de l’Etat hésite à dire qu’il veut un troisième mandat à cause d’éventuels ennuis financiers à son niveau. Une idée noble qui vaut un résultat d’audit si on la met en rapport avec les besoins de bonne gouvernance du pays. Mais rien dans cette réponse ne ressemble à la demande du Président! En deuxième réponse, les autres coalitions voudraient de force obliger le premier magistrat du pays à se déclarer candidat aux élections d’octobre prochain. A force de défilés et de slogans. Quoi dans cette autre réponse ressemblerait à la demande du Président ?

Elle a plutôt le mérite de montrer combien les coalitions initiatrices sont sûres d’avoir le monopole de l’espace guinéen et surtout que leur leadership manque terriblement d’idées pour donner des réponses heureuses à la demande pourtant très claire du candidat hier potentiel de leur formation politique. Au prolongement des deux réponses précédentes et sans rompre le mutisme présidentiel, un communiqué du RPG annonce aux guinéens que le Professeur-Président est effectivement candidat. Cette troisième réponse est une synthèse qui effleure sans l’épuiser la réponse attendue en rapport avec ce que le Président a solennellement demandé à ses partisans. Et toutes ces réponses combinées ne permettent en rien au parti de «n’oublier personne ». A moins qu’on la cherche dans la sollicitation qui voudrait qu’on «laisse le Président continuer ce qu’il a commencé ». . Finalement et sans surprendre personne, la réponse magistrale est venue du candidat luimême taper droit à la figure, tous ceux qui se posaient encore la question sur le sens du double scrutin de mars 2020 en Guinée démocratique.

Le Président Alpha Condé confirme avec forte insistance qu’il veut un mandat de plus. Son adresse aux femmes qui ont payé sa caution précise toutefois qu’il le voudrait non pas pour des militants d’un parti quelconque mais pour «le peuple que sont les femmes et les jeunes». Les femmes précisent quant à elles, qu’il s’agit plutôt d’un premier mandat de la quatrième République et non d’un troisième mandat. Tout le monde est maintenant édifié que ce pour quoi on se querellait jusqu’à présent, avait un faux nom. Aussi un autre tour politico-stratégique est joué. Encore une fois un contexte électoral et de pandémie a été transformé en une fructueuse opportunité politique. Et l’histoire de l’intelligentsia guinéenne continue. Il reste que la bonne réponse à la demande du Chef de l’Etat n’est pas encore venue. On l’attend pour que personne ne soit jamais plus oublié en Guinée indépendante. Nombre de guinéens se posent de nombreuses questions par rapport à cette donne. Les plus accablantes sont de trois ordres: le document stratégique contenant les propositions exigées par le Président a-t-il été produit pour l’amener à autoriser un communiqué puis confirmer sa candidature?

S’il n’existe pas, le Président aurait-il renoncé à son exigence fondamentale? Ses militants l’ont-ils caché pour plus d’appétit chez les rivaux politiques et les observateurs? De toutes les façons, on pourrait se demander si ce complément capital du projet de société demandé par le Président est bien perçu de tous ceux qui, actuellement, animent les mouvements et coalitions de soutien à la candidature de l’ancien opposant historique. En tout cas les déclarations prononcées, ça et là, ne semblent comporter aucune action qui pourrait tenir compte des besoins infinis de la totalité des guinéens. On constate dans tout cela que le soutien à cette candidature du Président en fin de mandat repose sur des raisons très diverses: certains soutiennent un papa, d’autres comme ceux de Boké soutiennent un oncle, d’autres encore soutiennent l’idée de soutenir parce qu’elle vient de leur village natal.

Les démonstrations de force dans ce soutien ne manquent pas. Ministres, Directeurs et autres fonctionnaires avides de décrets rivalisent d’ardeur pour démontrer qu’ils ont derrière eux des forces potentielles d’éclosion de coalitions. Chacun dans son village. De quoi susciter de partout des floraisons de nouvelles coalitions et une frénésie d’animations militantes avec des noms aussi élogieux les uns que les autres. Toutes ensemble et mises bout-à-bout, ne pourraientelles pas faire une couverture géographique victorieuse par coup KO, le 18 octobre 2020? D’où et dans quelles circonstances viendrait la contre – stratégie politique? Des déclarations incendiaires et de petits incendies locaux semblent indiquer que le changement de concept et de conception n’a rien changé aux déceptions des autres mouvances politiques. Troisième mandat ou premier mandat d’une quatrième république, ce serait la même chose! La grande coalition adverse promet reprendre ce qu’elle sait le mieux faire, les manifestations. Dans un délai court.

La communauté internationale murmure qu’il y aurait des risques sérieux d’exclusion suivie de contestations. Tout cela semble préoccupant et préoccuperait la Première Dame, les chefs religieux, les sages et diverses fondations. Dans ces différents milieux, on est plutôt soucieux de paix. N’est-ce pas ce que vous avez voulu dire ces derniers temps, Monseigneur Vincent Koulibaly, Elhadj Mamadou Saliou Camara, Elhadj Djeriba Diaby, Mme Djene Condé? Alors vous êtes tous priés de reprendre vos messages en vous faisant aider des sages de tout le pays. Les guinéens sont difficiles à convaincre. Ils ont deux défauts: ils ne savent pas écouter; ils aiment voir venir les risques sans trop se préoccuper comme vous. Surtout cette bruyante élite intellectuelle à laquelle la Guinée doit la plupart de ses souffrances. Demandez-lui de produire des résultats, vous aurez une kyrielle de réponses comme celles données à la demande du Président Alpha Condé. De la danse, des mots et des paroles.

Par Lamarana Diallo
[email protected] https://www.publibook.com/ guinee-les-grimaces-d-uneintelligentsia- divisee.html/

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