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Gouvernance : la Guinée dans les mains des pillards !

«Quand j’ai été élu, j’ai hérité d’un pays, pas d’un État. Parce que tout était prioritaire et tout était à refaire », avait déclaré le président Alpha Condé au début de son premier mandat, en décembre 2010.

Dix ans après son élection à la tête de la République de Guinée, le pouvoir dans ses mains s’exerce au nom de l’Etat par l’arbitraire, l’autoritarisme, la privatisation du pouvoir, la privation aux citoyens des droits les plus élémentaires, l’injustice et couronné par la corruption.  Durant ces deux premiers mandats, il s’est évertué à faire enraciner les structures néopatrimoniales tout en posant des actes qui obstruent le chemin de la démocratisation et du développement socio-économique du pays.

Sur le plan de la gouvernance, avec Mr Alpha Condé, les fossoyeurs d’hier  se mutent en donneur de leçons; les vizirs d’aujourd’hui tels que les ministres, les DAAFs et directeurs des régies financières sont devenus plus voraces. Leur seul souci est comment se remplir les poches.

Pendant ce temps, la misère s’accroît dans les foyers de manière exponentielle; l’insécurité et l’injustice persistent chez les populations. De loin, peut-on apercevoir cette souffrance exsangue dans laquelle croupit le Guinéen et cela dans l’indifférence totale d’une caste de jouisseurs se disant dirigeants.

La Guinée est donc malade de sa « classe » politique. La terre de Samori Touré, de Bocar Biro, de Dina Salifou, de NZegbela Togba est malade de ses enfants. Malgré les ressources humaines, minières, énergétiques, c’est à dire les atouts pour faire émerger la société guinéenne, la vie en Guinée relève encore au-delà d’un miracle.

Et cet ‘’opposant historique’’ qui promettait de remettre de l’ordre, notamment du côté de la justice et dans la gestion des affaires, est devenu, une fois à la tête de l’État guinéen, cet opposant des paradoxes.

La Guinée se classe selon le rapport de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption, publié en janvier 2019, au 138e rang mondial sur 180 pays étudiés. Donc un résultat pas du tout reluisant et qui ne devrait laisser aucun responsable politique conscient, patriote indifférent.

Le président Alpha Condé a voulu à un moment donné pourtant faire preuve de bonne volonté pour lutter contre la corruption, puisque la nomination de Me Cheick Sakho au poste de ministre de la justice avait impulsé des réformes judiciaires pour éradiquer l’impunité. C’est dans ce cadre qu’en juillet 2017, une loi relative à la lutte contre la corruption a été adoptée, et il fut souligné que désormais « les crimes économiques sont imprescriptibles ». Cette volonté, si volonté y’en avait, s’était notamment traduite par l’éviction en juin 2018 du directeur général de l’Office guinéen de publicité ainsi que pour suspicions de malversations financières.

Mais en dépit de ces gestes de bonne volonté annoncée, l’on constate qu’il n’a au fond jamais été prêt pour la bonne gouvernance, à lutter contre la corruption en mettant en avant les mesures d’intervention, notamment le développement d’une culture de la transparence et de la responsabilité au sein de la fonction publique guinéenne. La révélation du journal Média tv cette année ou encore la récente affaire de « Nabayagate » avec la présumée complicité du ministère du Budget sont illustratifs de l’état de corruption du gouvernement guinéen.

Au fait l’injustice et la corruption ont toujours gangréné l’État guinéen. Et ce manque de bonne gouvernance est rendu aussi possible par la complicité passive du peuple de Guinée. Donc ce peuple qui refuse d’agir ensemble contre ces cadres véreux, faisant ainsi le choix de la stagnation.

En outre, la Guinée n’a en effet jamais connu un tel degré de corruption voulu et entretenu par un président d’un clan hégémonique avec un pouvoir qui se dissémine au sein d’une bande des rapaces.
Ils sont parvenus en 10 ans à vilipender, spolier les ressources minières et énergétiques de ce pays, détruire son environnement, sans aucune retombée positive pour le peuple et en livrant le pays à des loups venus de tous les horizons pour s’approprier de ses ressources.

Le plus inquiétant est le fait que parmi ces loups, les plus dangereux sont ceux qui proviennent de la Guinée, ces personnes dont l’esprit et le cœur sont rongées jusqu’à la moelle épinière par la colère, l’envie, la culpabilité, l’ego, l’injustice, la corruption.

Pour eux, la Guinée et les Guinéens ne comptent pas. Et c’est pourquoi les richesses de ce pays ne peuvent pas être partagées de manière équitable. Car le peuple de Guinée n’a mérité que pauvreté et cette pauvreté serait naturelle et pourtant elle demeure leur œuvre.

En effet, le plus gros problème de ce pays est que la plupart des hommes politiques de l’opposition guinéenne détournent les yeux sur cette évolution tragique, puisque préoccupés à intégrer cette horde de loups affamés pour aussi avoir l’argent du beurre. Ainsi ils n’ont ni le courage, ni la vision de reconnaître que le peuple de Guinée a besoin d’actes que de paroles.

Quant à la jeunesse guinéenne, elle refuse de faire preuve de grandeur, pour être cette grande génération de Guinéens porteurs d’espoir, puisqu’elle a décidé de soutenir l’enracinement d’une république bananière, néopatrimoniale dirigée par des intérêts égoïstes d’une petite oligarchie autoritaire, clanique, éthniciste dont la corruption dénature l’essence de ce pays.

Elle a fait le choix de fermer les yeux sur le fait que le népotisme a fini par infester toutes les institutions étatiques guinéennes. Car il y a de nombreux gens qualifiés qui ne sont pas là où ils devraient être, parce qu’ils refusent de lécher les bottes de qui que ce soit, ou encore parce qu’ils ne savent pas lécher les bottes. Alors quelle solution trouver lorsque l’esprit et le cœur de la plupart des acteurs politiques sont rongés par la corruption et l’injustice jusqu’à la moelle épinière ?

Seul la révolte de l’esprit et du cœur du peuple pourra ouvrir la voie de la guérison et au prix d’un effort soutenu par le même peuple pour mettre hors d’état de nuire toute cette élite subalterne d’une nouvelle tyrannie en Guinée. Une élite subalterne d’une structure économique internationale mafieuse à connotation néocoloniale qui ressemble à des limousines passe-partout ayant une angoisse devant le vide qui provoque cette ambition, ce pouvoir démesuré, cet acharnement à posséder, par tous les moyens.

Aissatou Chérif Balde la politique autrement.
Lire aussi: https://african-panorama.com/2020/12/02/gouvernance-la-guinee-dans-les-mains-des-pillards/

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