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Honorable Dr Fodé Mohamed Soumah : les raisons d’être en colère

Honorable Fodé Mohamed Soumah est le président du parti Génération Citoyenne (GeCi), et cinquième Vice-président à l’Assemblée nationale issue du double scrutin législatif et référendaire du 22 mars 2020. Il donne son avis sur le retour de l’épidémie à virus Ebola en Guinée, la décision des avocats de suspendre leur participation dans la procédure judiciaire des détenus politiques, et la participation de son parti à la présidentielle de 2026.

Le Populaire : Pendant que nous vivons encore la Covid-19 dans le pays, nous assistons au retour de l’épidémie à virus Ebola en Guinée forestière qui a déjà des morts. Votre réaction ?
Honorable Fodé Soumah : Je suis un peu déçu de nos autorités sanitaires qui n’ont pas eu la réactivité protocolaire de gérer comme il se doit l’après-Ebola dans le pays, pour une épidémie a fait plus de 11.300 morts dans la sous-région, avec 28.600 cas recensés en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. Le plus préoccupant est qu’au moment où nous baignons en plein Coronavirus, viennent s’ajouter cinq morts et plusieurs cas contacts, dont l’un d’eux était à un millier de kilomètres de la capitale, il y a moins de 48 heures.
Imaginez la psychose qui risque de s’installer si rien n’est fait très rapidement ! Franchement, je suis préoccupé à plus d’un titre par cette nouvelle crise sanitaire qui sévit dans le pays, parce que tout ceci aurait été impossible, voire différé, s’il y avait un protocole préétabli. Quand j’entends Dr Sakoba Keita déclarer que le stock de vaccins en notre possession est périmé, j’entrevois déjà les réticences pendant la période de vaccinations, les interrogations sur l’organe de veille, la manne financière dédiée à cet effet, sans compter la gestion opaque du passé.
J’ose espérer que l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé) apportera l’assurance nécessaire, pour assurer une vaccination en masse, et que l’autorité de l’État s’imposera à tous, car il s’agit de l’hygiène publique. Suite aux premières mesures prises par le pouvoir, il faudrait que les autorités sanitaires soient opérationnelles sur le terrain, dans le but de canaliser ce foutu virus, et éviter un chaos, déjà programmé.

Les mesures prises par les autorités pour contenir la propagation de cette épidémie dans la zone forestière, qui constitue le principal grenier du pays, s’ajoutent à la situation socioéconomique préoccupante créée par la fermeture des frontières terrestres avec notamment la Guinée Bissau, le Sénégal, la Sierra Leone depuis quatre mois. Même si celles avec la Sierra Leone ont été rouvertes le 18 février à l’occasion de la visite du président Julius Maada Bio. Vous qui êtes un homme averti, de quel œil voyez-vous cela ?
J’ai toujours dit que cette fermeture était contre-productive, par rapport à des actions concrètes comme fouiller les camions, créer un corridor sécurisé et accompagné, privilégier les denrées périssables dans la distribution, et savoir que derrière les marchandises, il y a des drames humains. C’est la meilleure façon de décourager les agriculteurs, les éleveurs, les métiers liés à la distribution, et aux échanges commerciaux. À présent, il faut s’attendre à l’inconnu, avec Ebola qui s’invite dans cette pagaille désorganisée.

Les avocats des détenus politiques viennent de suspendre leur participation dans la procédure du procès concernant leurs clients. Qu’en dites-vous ?
Ils sont dans leur bon droit légal, si vous me passez l’expression. Tout détenu a des droits qu’il faut respecter, même un criminel. À plus forte raison, des citoyens qui ont été cueillis à domicile, ou qui se sont présentés volontairement. Tout citoyen peut répondre devant la justice. Mais nous devons apprendre à respecter la procédure, de la garde à vue à l’instruction dans les délais, jusqu’au jugement. Le plus déplorable, au-delà qu’ils ne soient pas encore fixés sur leur sort, c’est que tout ceci se passe au lendemain d’une élection, qui est derrière nous.
Pis, au lieu de surfer sur une accalmie amène qui appelle à pacifier le pays, nous assistons à la casse de façon abusive, et/ou des déguerpissements sans mesures d’accompagnement de pauvres citoyens, le plus souvent dans leur droit à la dignité et à l’autonomie, qui essayent de joindre les deux bouts, dans des activités génératrices de revenus, pour se nourrir, scolariser leur progéniture, et apporter leur pierre à l’édification nationale.
Nous n’en serions pas là si l’État avait joué son rôle à la première pelletée ou occupation d’un lieu dit public. C’est un faux débat de déclarer que les gens savaient, car il suffisait de sécuriser les lieux ou interpeller les chefs de quartiers, qui sont le premier maillon avec les populations, avant de sévir.

En votre qualité de Vice-président du parlement, issu de l’opposition, qu’envisagez-vous pour résoudre cette situation ?
À défaut de normaliser le secteur informel et de créer le plein-emploi, il faut savoir organiser la Cité. Ce sont des dizaines de milliers d’emplois perdus, et des centaines de milliards qui échappent à la collecte d’impôts et de taxes, dans l’assiette fiscale. Le Bureau de l’Assemblée Nationale débat de toutes ces questions, depuis la promulgation de la Constitution à l’actualité du moment, en passant par la fermeture des frontières.
Nous avons déjà lancé une commission d’information dans le domaine de la santé, qui sera activée par la résurgence d’Ebola, et nous pourrions ouvrir des commissions d’enquêtes en cas de nécessité. Contrairement à ce qui se dit, ce n’est pas une majorité écrasante du RPG qui dirige l’Assemblée Nationale, mais des élus du peuple qui oublient, le plus souvent, leur casquette, sous le leadership d’un Président à l’écoute de tous.
Il est temps que le pouvoir comprenne qu’il est impensable de gérer de multiples crises à la fois, et espérer annihiler les frustrations, la colère, la misère… Et mettre les Guinéens ensemble.

Vous êtes le porte-parole du Chef de file de l’opposition, que pouvez-vous nous dire en une phrase ?
Waouh, c’est difficile ! Mais je dirais qu’il a compris qu’il fallait aller vers tout le monde, et il apporte la preuve que les Guinéens peuvent travailler ensemble, lorsqu’il s’agit de faire avancer le pays.

Dites-nous si votre parti sera au rendez-vous de la présidentielle de 2026 ?
Tout parti politique a vocation à la conquête du pouvoir, c’est pourquoi j’ai brigué la magistrature suprême en 2010. Nous travaillons d’arrache-pied pour être présent à tout scrutin, en densifiant nos structures ici et à l’international. D’ores et déjà, l’Assemblée va se pencher sur les contours des prochaines échéances électorales, à travers la révision du code électoral, la charte des partis politiques, la loi sur la CENI, etc.
Il nous faut arriver à des élections sans violence, et les véritables résultats sortis des urnes. C’est possible chez nous, et on y arrivera vaille que vaille.

Réalisée par Léon Kolié 

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