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Insécurité urbaine : Mamadian est  mort

Un jeune chauffeur de taxi vient de mourir dans la banlieue de Conakry. Il s’appelait Mamadian, un nom ainsi et volontairement écourté par sa famille et tous ceux qui lui vouaient de l’affection.

Il avait un peu plus de 30 ans et se débrouillait sur le tronçon qui relie Sonfonia et le cul-de-sac de Kaloum. Il rentrait chaque soir retrouver sa jeune femme et son enfant, un garçon né il y a une année et qui n’a probablement plus le souvenir de son père disparu cette nuit du mardi, 30 juin 2020. Comme tous les jours depuis quelques années, ce chauffeur a passé la journée du mardi à travailler pour nourrir sa famille et soutenir ses vieux parents résidents à Kindia. La nuit, il n’est pas rentré. Il aurait appelé sa femme pour justifier son retard par un « déplacement » que lui auraient proposé des « clients ».

Les heures passent; Mamadian ne rentre pas. Inquiète, son épouse prévient le voisinage. Tôt le matin du mercredi 1er juillet, voisins et parents se mobilisent et cherchent. Très vite, sa voiture est retrouvée tous phares et feux allumés au milieu de la route entre le marché et l’église de Sonfonia. Un automobiliste matinal aurait heurté- on ne saura jamais comment –  et enfoncé l’arrière du véhicule mais bien après l’aventure mortelle du chauffeur décédé.

Le chauffeur Mamadian

Suite à cette découverte inquiétante, les voisins et parents de Mamadian prennent aussitôt la direction des hôpitaux. Ils trouvent le corps du jeune chauffeur à Ignace Deen où l’auraient déposé des agents de la Croix Rouge appelés la veille par des voisins du coin où l’auraient jetés « ses clients » devenus ses assassins. Les blessures sur le corps indiquaient que les bras et jambes de la victime seraient broyés par ses bourreaux et son corps aurait été trainé par le dos jusqu’à une autre voiture par laquelle les malfaiteurs l’auraient transporté non loin du drame pour l’abandonner au bord de la route et s’enfuir sans laisser de trace. Le plus curieux dans cet assassinat est que ni les pièces du véhicule ni le téléphone du chauffeur tué n’auraient été volés. Ceux qui ont déposé le corps à l’hôpital auraient laissé là le téléphone.

La famille a récupéré le corps qu’elle a enterré d’urgence ce jeudi 2 juillet à 10 heures. Mamadian est mort la même nuit qu’un autre jeune garçon, tué par son codétenu dans les locaux d’une gendarmerie de Conakry. Il est mort à la veille de l’enterrement de 8 autres jeunes hommes assassinés, eux, dans les manifestations et dont les corps seraient confisqués quelques semaines en attendant quelques clarifications jugées utiles par les autorités.

Parmi ces décès récents, celui de Mamadian a une particularité: aucune enquête ne serait en cours; il n’y a pas eu de bruit médiatique autour l’assassinat; les parents, résignés, font leur deuil, considérant toute plainte sans issue. Du lieu de l’assassinat à l’hôpital Ignace Deen, tout semble flou et personne n’évoque une quelconque intervention policière.

L’enterrement est fait; le silence accompagne l’évènement et le disparu. Les plus concernés s’en remettent au Tout Puissant Allah!

Ceux qui étaient présents au cimetière de Sonfonia les ont accompagnés dans cette compassion mais s’interrogent en tournant les yeux et les oreilles vers le Gouvernement. Le chapelet des victimes de l’insécurité et de l’impunité s’allonge sans que personne ne cherche la vérité des faits et que personne ne soit inculpée et punie pour son crime.

Ça se répète depuis des années sous les yeux des autorités de l’Etat et des notabilités communautaires presque toutes installées dans l’indifférence et la résignation. Comme devant une fatalité. C’est plus simple comme ça au nom du déni collectif des droits humains  pour plus de préoccupations et de frustrations en Guinée.

Par Lamarana Diallo

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