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La mémoire du «Prince parmi les esclaves», Abdulrahman Ibrahim Ibn Sori, honorée à Conakry (panel)

Au cours d’un symposium organisé le mercredi 21 décembre 2022 à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, hommage a été rendu au «Prince parmi les esclaves», Abdourahamane Ibn Sori.

Pour camper cet événement piloté par le Haut Conseil des Anciens de Timbo et les descendants de l’illustre Prince Abdulrahman Ibrahim Ibn Sori, nous avons tendu le micro à trois personnalités. Lisez leurs témoignages. Professeur à la retraite et membre du Haut conseil des anciens de Timbo, Mody Sory Barry explique ce que représente l’événement pour lui.

Libéré grâce au sultan du Maroc

« Ce symposium représente pour nous un véritable retour aux sources. Le prince Abdourahamane Ibn Sori est le fils du deuxième Almamy du Fouta théocratique, lbrahima Sori Barry Mawdo. A 26 ans, il a été capturé et vendu comme esclave. Il s’est retrouvé dans les plantations américaines du Mississipi. Il a fait 40 ans d’esclavage. Au cours de cette période, les gens se sont rendus compte qu’ils ont à faire à un guide des hommes et surtout à un intellectuel parce qu’il avait fait une formation très pointue à Tombouctou. Donc, c’est un lettré arabe.

Et, il a rencontré un journaliste local, le Néerlandais Andrew Marschalk,  qui était imprimeur qui l’a dit écoute, on va écrire au roi du Maroc pour dire qu’il y a un prince du Fouta qui est esclave ici, on va voir s’il peut intervenir pour toi auprès du président des Etats-Unis. Parce que durant toute sa captivité, il n’a jamais cessé de  dire: ‘‘moi, je suis un prince’’. Il n’a jamais voulu avoir le statut d’esclave et il est resté un guide des hommes. Ce qui fait que rapidement son propriétaire a fait de lui, comme il a vu que c’était naturellement qui dirigeait les hommes, il en a fait le chef. L’imprimeur qu’il a rencontré, ils ont écrit une lettre au roi du Maroc. Ironie du sort, le roi du Maroc de l’époque s’appelait le roi Abdourahamane comme lui. Quand il a reçu la lettre, il a écrit au président des Etats-Unis, John Quincy Adams, qui a donné des instructions à son ministre des Affaires étrangères. Ils l’ont libéré lui, et son épouse.

Ils voulaient l’embarquer dans les bateaux qui vont à Fez. Il a dit : ‘‘ non, moi je vais au Libéria parce que c’est plus proche de Timbo’’. Donc, ils l’ont embarqué avec sa femme Isabella dans le bateau qui vient du Libéria. Malheureusement, dès qu’il est arrivé au Libéria, deux à trois mois après il est décédé, il n’a pas pu rejoindre son Timbo natal.» 

La 7e génération des descendants du prince

De son côté, l’ancien ministre de la Pêche, Boubacar Barry, et membre du Haut conseil des anciens de Timbo fait comprendre que ce symposium est une occasion pour des retrouvailles en famille.

Abdoulaye Diallo Conseiller chargé de mission au Ministère de la Culture.

« C’est un retour aux sources de la septième génération du prince Abdulrahman Ibrahim Ibn Sori fils d’Almamy Sory Maoudo le troisième Almamy du Fouta qui a été capturé et réduit en esclave et transféré aux Etats Unis. Donc, sa septième descendance a mis l’idée de vouloir retrouver l’origine de son ancêtre. Depuis quelques années, cette quête est en train de se faire par des recherches, par des contacts. Et, une première équipe était venue au mois de juin dernier et maintenant, c’est une famille un peu plus élargie en passant par celle du Libéria qui se retrouve aujourd’hui à Conakry. C’est une grande retrouvaille et une occasion de relire ensemble notre passé commun, de relire ensemble notre histoire».

Devoir de mémoire

Le conseiller chargé de missions au Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, Abdoulaye Diallo, trouve en ce symposium un devoir de mémoire qui interpelle tous les guinéens.

« C’est avec beaucoup de fierté mais aussi d’émotion que nous accueillons des descendants du prince Abdourahmane Ibn Sori sur la terre de leur ancêtre. L’histoire de ce prince est atypique. On va mettre ça dans le cadre du destin si non, il n’est pas destiné à l’esclavage un prince. Mais quand c’est le coup du destin, il l’a assumé, il a souhaité rejoindre ses parents à Timbo sur le chemin du retour, hélas il est décédé. Voilà depuis 179 ans ses descendants se battent et cherchent à connaître l’origine de leur ancêtre, cherchent à rencontrer leurs cousins, leurs frères, leurs oncles, pères et grands pères. Et c’est seulement cette année que Dieu a exaucé cette volonté des descendants de ce prince. C’était un devoir quasi normal pour le ministère de la Culture, du tourisme et de l’artisanat de prendre à bras le corps ce dossier d’accompagner la famille dans la mise en œuvre de cet événement. C’est qui justifie la présence du ministère de la culture, du tourisme et de l’artisanat à côté de la grande famille de Timbo, mais aussi des descendants du prince Abdourahamane ».

Ce symposium a enregistré des discours riche en enseignements prononcés par les représentantes de l’ambassade des Etats-Unis à Conakry et du gouvernement du Libéria ainsi que du Haut Conseil des anciens de Timbo et des descendants de l’illustre Prince Abdulrahman Ibrahim Ibn Sori dont l’histoire est écrite dans le livre de Terry Alford «Prince Among Slaves» ou Prince parmi les esclaves. 

Panel réalisé par Alpha Kéïta

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