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Lettre ouverte au COSIM et à la communauté musulmane de Côte d’Ivoire: ARRÊTEZ DE POLITISER NOS MOSQUÉES!

Je me nomme Hadja Diakité Mariam. Je suis une musulmane entièrement dévouée à Allah et à l’étude du Coran qui, par conséquent, ne peut trouver de place dans son âme pour la politique ou les arrangements que les humains se permettent avec Allah. Ceux de mes proches qui me connaissent seront certainement surpris de cette lettre ouverte. Je n’ai jamais fait de la politique et je ne compte pas en faire. Je suis une simple observatrice de l’évolution de mon pays, la Côte d’Ivoire, depuis Felix Houphouët-Boigny jusqu’à ce jour. Avec mon époux nous nous sommes installés aux USA en 1992 à cause de mes deux filles qui y étudiaient. Ma famille et mes filles ont toujours été ma raison de vivre.

Si aujourdhui, je prends ma plume pour m’adresser à la communauté musulmane, c’est parce que j’ai plusieurs fois rencontré le Cheick Boikary Fofana du temps où il était en exil ici aux USA. A cette époque, une de mes amies (elle se reconnaîtra), avait voulu qu’on lui rende visite et qu’on lui apporte notre solidarité, ce qui fut fait. Nous nous étions alors rendues à son domicile, à maintes reprises, pour le saluer. Depuis son départ des USA, je n’ai plus eu de contacts avec lui. De temps en temps je demandais de ses nouvelles à l’amie en question.

L’annonce subite de son décès m’a fait un choc. Que Dieu ait son âme (.   صلى الله عليه وسلم). J’espère cependant que cette lettre ouverte parviendra à qui de droit. Afin que mon message soit clair et pertinent, permettez que je n’emploie aucune formule consacrée dans ce texte.

Depuis la mort du Président Houphouët-Boigny j’ai comme remarqué que les régimes politiques au pouvoir, qui se sont succédés, n’avaient pour obsession que de soudoyer les musulmans, comme s’il fallait que chaque Président ait son guide religieux pour contrôler la communauté musulmane de Côte d’Ivoire, dans l’optique de transformer les fidèles musulmans un bétail électoral. De mémoire, rappelons-nous de Diaby Koweit, sous le président Bédié ou d’Idriss Koudouss, sous le président Gbagbo. Quelle analyse pouvons-nous faire aujourd’hui ? Le président Ouattara, lui-même musulman, a-t-il agi différemment laissant, pour une fois, l’islam dans les mosquées ?

Revenons en arrière…

« On refuse ma candidature parce que je suis du nord et musulman » Cette phrase ne m’avait pas plu à l’époque. Je la trouvais dangereuse. Je pensais qu’il ne fallait pas jouer avec Allah! Elle fut, hélas, le coup d’envoi d’une auto-ségrégation qui ne disait pas son nom. Dès lors, la communauté musulmane fut associée, contre son gré, à la discrimination d’un homme politique qui n’était pas forcément le meilleur pratiquant d’entre nous. Je ne comprenais pas qu’un vrai et bon musulman ose une telle déclaration.
Un bon musulman, me demanderez-vous ? Et bien, oui ! Et pour cause.

Figurez-vous que ce n’est que l’année dernière que j’ai su que c’est le Cheick Boikary Fofana qui, en perspective d’une probable candidature pour un troisième mandat, avait convaincu Alassane Ouattara, d’aller faire son premier pèlerinage à la Mecque et cela à 76 ans révolus. Ce n’est pourtant pas les ressources financières qui lui manquaient. Mais bon… Pour faire le Hadj il faut en être convaincu soi-même. Quel ne fut donc pas mon étonnement !

Souvenez-vous qu’il était arrivé à la Mecque le 18 août 2018, en compagnie du 1er ministre de l’époque ; on se souvient tous de ces images diffusées partout, montrant le président sur une chaise roulante. « Si le nord n’est pas au pouvoir, on part tous en exil » Cette phrase, également rabâchée à l’envi, a fini par être ancrée dans le cerveau des fidèles musulmans que nous sommes. Chacun a relayé cette idée à qui mieux mieux, confondant ainsi un président musulman et la politique du président. La religion et la politique, qui ne font pas bon ménage selon les préceptes du Coran, ont été insidieusement et de manière subliminale bien mélangées et introduites dans les cerveaux. La radio Al Bayane, par exemple, n’est pas en reste. Elle est au service du président Ouattara, au nom du sacro-saint principe que les musulmans doivent tous soutenir le président Ouattara, sa politique  et son pouvoir, et ce, en dépit de tout. Le saint Coran ne l’a jamais dit.

La compromission de nos guides religieux

Aujourd’hui, nous constatons que nos cheikh sont plus des hommes mis au service de la politique que des hommes religieux or, Allah n’aime pas ça. Les musulmans n’appartiennent pas à un seul parti ; ils sont de la société civile, du PDCI, du FPI, du RDR, de toute autre chapelle politique ou simplement neutres. Il est donc difficile de comprendre qu’à ce niveau de responsabilité, le Cheikh Fofana, président du COSIM, puisse se fourvoyer au point d’assister à des conciliabules politiques entre le pouvoir et un chef de parti. En plus, ce n’était pas la première fois ; on peut trouver des exemples à foison. Le journal Jeune Afrique s’en était fait l’écho dans un article du 18 mai 2020. J’y ai lu que le Cheick Boikary Fofana avait été témoin d’une rencontre entre le président Ouattara, Hamed Bakayoko et Mabri Toikeusse, pour ne citer que ceux-là. A la lecture de cet article, mon cœur a bondi dans ma poitrine et j’ai été envahie de questions qui surgissaient de ma propre conscience de musulmane.

Comment est-ce possible ? Est-ce vraiment le rôle d’un guide religieux, de surcroît musulman ? Avait-il l’accord préalable du Cosim ? Qu’allons-nous répondre à tous ceux qui affirment aujourd’hui que Le président Ouattara passait par notre Cheick bien-aimé pour rallier à lui tous les cadres musulmans quand il le souhaitait ? Je reste perplexe.

Le prochain président du COSIM

Chers guides, chers imams, je suis une musulmane qui peut-être n’a pas voix au chapitre mais, je me permets néanmoins de vous supplier. S’il vous plaît soyez nos modèles et nos référents. S’il vous plaît, ne vendez pas vos âmes aux choses terrestres, vous n’avez pas à faire ça. Pourquoi et comment un Cheikh respecté, de surcroît patron du COSIM, peut-il prendre part à des réunions ou conciliabules politiques de haut niveau et en être témoin ? Allah n’aime pas ça, c’est écrit. Comme je le disais au début, à chaque pouvoir son imam : Diaby Koweit, sous le président Bédié Idriss Koudouss, sous le président Gbagbo et Boikary Fofana sous le président Alassane Ouattara.
Il faut que cela cesse !

Je souhaite de tout mon cœur et de toute mon âme que la religion se retire progressivement de la politique et que le prochain président du COSIM ne soit pas inféodé à un parti politique. Je formule le vœu d’un président du COSIM dont la seule mission sera le bien-être spirituel de la communauté musulmane, qui travaillera sans compromission à ce qui est juste en Côte d’Ivoire et qui accomplira la volonté d’Allah et non celle des Hommes.

Merci de votre attention.

Votre humble servante,
Hadja Mariam Diakité.

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