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Manifs contre le changement de Constitution L’Acte 1 des « T-shirts rouges »

La publication vendredi 11 octobre 2019 du communiqué qui interdit à tout membre des Forces de défense et de sécurité «de se confondre à tout mouvement de foule», et l’arrestation de quelques leaders du Fndc samedi 12 sont les deux événements ayant précédé le début des manifestations contre le projet de changement de Constitution ce lundi 14 octobre.

Un peu plut tôt, le 8 octobre 2019, l’Union des forces démocratiques (Ufd), le parti dirigé par l’expert-comptable Mamadou Baadiko Bah, s’est fendu une déclaration pour affirmer sa position «contre toute tentative de confiscation du pouvoir». «En dépit du rejet par l’écrasante majorité du peuple de Guinée et de la réprobation de toute l’opinion africaine et internationale, le chef de l’Etat guinéen Alpha Condé et ses amis du Rpg continuent de dérouler leur projet de 3e mandat et de changement de la Constitution, violant ainsi ouvertement toute la légalité de la République de Guinée. Pire, les dirigeants du parti au pouvoir répètent haut et fort leur intention de se maintenir coûte que coûte au pouvoir pendant des décennies encore !

Il est évident que cette tentative de confiscation du pouvoir ne peut se faire que par la dictature, la suppression des libertés démocratiques, la corruption effrénée, la division des nationalités et la répression du peuple, comme les régimes qui l’ont précédé depuis 1958», écrit l’Ufd qui met «en garde le pouvoir contre l’usage des armes contre le peuple manifestant pacifiquement pour défendre ses droits». Et saisit «l’occasion pour saluer et féliciter pour son courage», le Président Issoufou du Niger «qui offre à toute l’Afrique un exemple sublime d’intégrité, de rectitude morale – en déclarant tous ses biens – et de patriotisme – en refusant quant à lui le 3e mandat, au contraire de son collègue guinéen qui viole toutes les dispositions fondamentales de la Constitution sur laquelle il a juré fidélité et qui règne et entend continuer à régner à vie sur l’un des pays les plus corrompus et les plus misérables d’Afrique et du monde».

Le 11 octobre, un communiqué du chef d’état-Major général des armées, le général de Corps d’armée Namory Traoré annonce qu’il a été rappelé «à l’ensemble des Forces de défense et de sécurité, qu’il leur est formellement interdit de se confondre à tout mouvement de foule. A cet effet, les militaires seront consignés dans leurs Casernes à partir du 14 octobre 2019 et des contrôles physiques seront effectués par les commandants d’unité avec compte rendu à l’État-major Général des Armées, de leur situation de prise d’Arme.» Se basant sur la Loi 009 du 4 juin 2015 relative au maintien de l’ordre, il a invité «les unités de police et de gendarmerie à agir avec professionnalisme dans le strict respect des lois de la République». Faute de quoi, «tout militaire qui sera appréhendé dans un mouvement de foule ou dans une situation irrégulière, sera sanctionné conformément au règlement de discipline générale».

Cible des «cagoulés».

Au lendemain de ces actes, une chasse aux activistes de la Société civile membres du Front national pour la défense de la Constitution (Fndc) a été lancée dans la ville de Conakry. Les activistes Ibrahima Diallo le responsable des opérations du Fndc, Abdoulaye Oumou Sow de la Cellule communication du Fndc, Bill de Sam, Sékou Koundouno chargé des stratégies et de la planification et Mamadou Baïlo Barry de Destin en Main, sont interpellés au domicile d’Abdourahamane Sanoh, une des figures emblématiques du Fndc qui fut ministre de l’Agriculture sous Dadis, alors qu’ils s’apprêtaient à participer à une conférence de presse sur l’événement projeté le lundi 14. Ils sont auditionnés dans les locaux de la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) de Conakry et maintenus en détention. Malick Koné, le directeur de la DCPJ est limogé dans les heures qui suivent l’arrestation dimanche 13 octobre 2019 de jeunes leaders de mouvements engagés dans la manifestation du lundi 14, dont Badra Koné, maire adjoint de de Matam et récemment fait leader de la jeunesse de l’Union des forces républicaines (Ufr). L’avocat du Fndc, Me Salifou Béavogui est présent sur les lieux, mais n’obtient pas la libération conditionnelle de ses clients.

Pendant ce temps, l’opposition (qui a suspendu vendredi 12 octobre 2019 ses activités parlementaires jusqu’à nouvel ordre) continue à mobiliser comme si de rien n’était. De son côté, le Fndc supplie les usagers de la route à ne pas circuler durant la journée du lundi 14, en vue d’éviter tout incident dommageable. Dans l’après-midi du samedi 13, les grandes voix du régime invitaient les militants et sympathisants du Rpg Arc-en-ciel à débarrasser les quartiers chauds de Conakry des vieux pneus et autres troncs d’arbre, en vue de ne laisser aucun combustible aux abords des routes. Dans les communes de Dixinn et Ratoma, réputées acquises à l’opposition, les coins et recoins des routes sont lorgnés par des files de personnes à la recherche de pneus arrivées à bord de camions flanqués d’escorte de gendarmes et de policiers,. La présence de ces ramasseurs occasionne par endroits des bouchons et des engueulades avec automobilistes excédés de les voir rouler à sens inverse.

A Kaloum, le domicile de Baidy Aribot, l’un des quatre vice-gouverneurs de la Banque centrale, est pris d’assaut par des collecteurs improvisés en échange de 5mille FG l’unité. Dans le milieu syndical, le leader du Syndicat des enseignants et chercheurs de Guinée (Slecg) Aboubacar Soumah invite les enseignants à rester à domicile, et aux parents d’élèves à garder les enfants à la maison. Dans un communiqué publié dans la journée du dimanche 13 octobre, le leader syndical de la Fédération syndicale des banques et assurances (Fesabag), Abdoulaye Sow secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (Ustg) condamne l’arrestation de Sanoh et Cie et, exige leur libération. A ce rythme, le début de semaine s’annonce à haut risque.

Par Gordio Kane

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