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Surfacturation de 450 milliards de FG du « Plan de riposte sociale » : Kassory Fofana, seul et humilié

Pour avoir élaboré à sa manière un Plan de riposte Covid-19, le gouvernement guinéen est soumis à une vexante séance de correction par la Banque mondialeMama Kanny Diallo, ancienne fonctionnaire de la Banque africaine de développement (Bad) devenue son ministre d’État en charge du Plan, révèle la surestimation des montants à Alpha Condé.
Décontenancé, le Premier ministre appelle le chef de l’État à recadrer son ex-épouse. Mais à qui la faute, sinon à lui-même Kassory Fofana qui navigue à vue ?

Après le premier cas  de coronavirus enregistré le 12 mars 2020 en Guinée, suivi de  l’état d’urgence sanitaire et du couvre-feu, respectivement déclarés et instaurés les 27 et 30 mars, «préoccupé par la situation de l’économie nationale », le chef de l’État a instruit son Premier ministre d’élaborer un plan de riposte économique à cette crise sanitaire en vue de «soutenir l’économie et aider le secteur privé à absorber les chocs induits par le ralentissement prévisible de l’activité économique».

A la suite des consultations avec le secteur privé et le travail réalisé avec les ministres économiques, il ressort que la pandémie du Covid-19 affectera durement l’économie guinéenne.

C’est ainsi, pour prévenir une telle perspective et apporter des réponses économiques à la pandémie de Covid-19, le gouvernement a élaboré un plan de riposte estimé d’environ 3 500 milliards de FG soit 360 millions Usd et s’articulant autour de trois axes : sanitaire, social et économique et financier.

Le 2 avril 2020, le  Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana annonce officiellement son «Plan de riposte économique à la pandémie du coronavirus (Covid-19)» qu’il présentait comme l’un des meilleurs de la sous-région. Mais c’était avant que les services techniques de la Banque mondiale ne décident de s’y pencher.

Dans un courrier adressé à  Ibrahima Kassory Fofana le 20 avril, la Banque révèle que sur le plan macroéconomique, la croissance estimée dans le Plan de riposte paraît «surestimée» avec seulement 0.7 point de pourcentage de baisse par rapport à la situation précédente. Et suggère au gouvernement guinéen de faire «un travail supplémentaire pour ré-estimer de façon globale les impacts sur les recettes et les dépenses de l’Etat et définir un gap de financement pour lequel les bailleurs pourraient contribuer et pour lequel un appui budgétaire d’urgence sera mobilisé par la Banque mondiale sur la base de quelques mesures clés de réforme à convenir».

Entre autres,  les experts proposent que l’estimation des mesures d’allègements fiscaux et sociaux soit davantage raffinée et les objectifs et procédures d’utilisation du fonds Covid-19 clarifiées de même que son lien avec le budget de l’Etat.

Concernant spécifiquement la protection sociale (les mesures sociales), le Plan de riposte du gouvernement prévoit en sa phase 3, le démarrage des politiques classiques de l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (Anies) avec un montant global de 439 milliards de FG  (46 millions Usd) pour, soutient le gouvernement, « le déploiement d’un programme d’ampleur de transferts monétaires pour 240 000 ménages (soit environ 1,6 million de personnes) dans les zones pilotes (une préfecture par région administrative et la  zone spéciale de Conakry)». 

La Banque a rassuré de son soutien à cette initiative en prévoyant  de mobiliser 70 millions Usd à travers son projet d’appui au programme Nafa pour soutenir l’Anies dans ses initiatives de protection sociale élargie. Toutefois, selon l’institution monétaire mondiale, «il serait utile de préciser les plans pour atteindre les zones qui n’ont pas été prises en compte dans la phase pilote et si seuls les transferts monétaires vers les zones pilotes ont jusqu’à présent été chiffrés dans le volet social du plan économique de riposte».

Etant donné que le plan ne comprend pas la fourniture de vivres dans la plupart des zones les plus touchées, «à moins qu’il n’y ait un problème de disponibilité/distribution de nourriture », la Banque suggère plutôt de fournir des transferts monétaires dans les zones les plus touchées. Afin d’éviter «un éventuel gel des prix», ainsi que d’autres effets négatifs, notamment «des pénuries alimentaires sur les marchés formels et développer des marchés noirs pour certains produits qui viendraient à manquer sur le marché», si la mesure n’est pas suffisamment encadrée.

Factures …

Toujours dans les mesures sociales, l’État a prévu de prendre intégralement en charge  les factures d’avril à juin 2020 pour les abonnés au tarif social de l’électricité et de l’eau. Et pour les autres consommateurs, un report des échéances de paiement desdites factures pour la période d’avril à juin 2020, avec la mise en place des facilités de paiement, une garantie de la stabilité ou du gel des prix des produits de santé et de première nécessité et le blocage des loyers sur les bâtiments publics et privés pour la période d’avril à décembre 2020.

En ce qui concerne l’eau, la Banque propose de mobiliser immédiatement 1 million de dollars Us à travers son ‘‘Projet Eau en milieu Urbain’’. Apres analyse, les techniciens de la Banque révèle que le coût de la prise en charge des factures d’électricité des consommateurs de la catégorie sociale pendant trois mois (avril-juin 2020) évaluée à 456 milliards de FG (46 millions Usd) a été surestimé dans le plan de riposte du gouvernement. Tandis que les  simulations effectuées indiquent un total d’environ 6 milliards de FG  (moins de 1 million de dollars US) au tarif social actuellement bas de 90 FG/KWh.

Aussi, précisent les experts, même si l’on envisage d’appliquer le tarif social à tous les consommateurs (c’est-à-dire les premiers 40kWh gratuits pour tous) pour justifier les estimations de coûts énergétiques, suivant leurs estimations, l‘application du tarif de détail à tous ne ferait porter le coût énergétique qu’à 3 millions de dollars au plus.

Face à ces incohérences citées, la Banque mondiale note que la Guinée bénéficiera d’un appui budgétaire relatif au Programme régional d’énergie pour lequel les actions préalables sont toutes réalisées. Elle n’attend que la publication au Journal officiel des cinq  mesures déjà prises par le Gouvernement.

Par ailleurs, la Banque propose de fournir une assistance technique supplémentaire pour aider la Guinée à préparer un plan de riposte spécifique au secteur de l’électricité pour une mise en œuvre effective des actions proposées.

Raclée et insubordination

Face à la raclée à lui infligée par les révélations de la Banque, la Primature sort un communiqué dans lequel il affirme avoir constaté, avant même la réception des ‘‘commentaires de la Banque mondiale’’, que «les données fournies par le ministère chargé de l’Energie sont erronées».

Selon la Primature, dès la publication nécessitée par l’urgence du plan, le cabinet de Kassory Fofana a parallèlement demandé à Electricité de Guinée (EDG) de revoir les données et de fournir des éléments précis sur le nombre d’abonnés au tarif social, les montants théoriques facturés et les montants effectivement recouvrés. Ce travail de reprofilage a permis, à la date du lundi 20 avril 2020, soit avant le courrier de la Banque mondiale, de situer le niveau de la prise en charge de la gratuité pour les abonnés au tarif social de l’électricité à 126 milliards de FG et non 456 milliards de FG comme précédemment indiqué par le ministère de l’Energie pour le trimestre couvert par le plan de riposte. Ce chiffre de 126 milliards de FG est maintenant confirmé dans le Plan de riposte et met en cause «l’estimation elle-même erronée contenue dans les commentaires de la Banque mondiale».

Bien avant les révélations de la Banque mondiale, la ministre du Plan et du développement économique, Mama Kanny Diallo, avait déjà, le 4 avril 2020, alerté le président Alpha Condé sur les incohérences qu’elle a constatées dans le fameux Plan de riposte présenté par le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.

«La période couverte par le Plan de riposte n’est pas précisée. Est-ce d’avril à juin 2020? Ou bien est-ce d’avril à décembre 2020?», s’interroge la ministre Diallo, avant de préciser qu’ «en tous les cas, le choix de la durée de la riposte dépendra de l’ampleur de la crise, mais aussi et surtout de la capacité du gouvernement à mobiliser à très brève échéance les financements nécessaires».

Voilà que le 5 avril, le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana écrit à son tour au président Alpha Condé. Dans la lettre, il juge «la démarche de la ministre du Plan totalement inappropriée» étant donné que c’est lui-même qui lui a transmis une copie du Plan de riposte économique. Et donc, «elle se devait, si elle avait des commentaires » de les faire à lui et non au chef de l’Etat. En ne le faisant pas, Fofana considère cela comme « une indiscipline administrative (aggravée) d’un manque de loyauté totalement inacceptables» à son égard.

«Par ailleurs, se plaint le Premier ministre Fofana, l’attitude totalement inacceptable de la ministre du Plan et du développement économique pose de graves menaces sur la cohésion et le fonctionnement de l’équipe économique et, au-delà, sur l’ensemble du gouvernement». De ce fait, lui le coordinateur du gouvernement demande à son président Alpha Condé  «d’envisager une rencontre (sous son arbitrage entre sa ministre et lui) pour tirer toutes les conséquences de cette situation» qui met à mal le régime connu pour sa qualité de mauvais élève de la bonne gouvernance électorale et, maintenant économique et financière.

Aux dernières informations, en lieu et place de sanctions, les protagonistes du Plan de riposte Covid-19 ont décidé d’enterrer la hache de guerre sous les auspices du président Condé.

 Par Le Populaire 

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