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« Le Processus d’Enrôlement des Fonctionnaires qui manque de Méthode et de Méthodologie ! »

Conakry, le Vendredi 9 Juin 2023 – C’est désormais une fâcheuse habitude en Guinée de transformer ou pervertir toutes les bonnes idées et tous les bons projets en un désordre total par manque de méthode, d’organisation et de méthodologie.

Le Constat :

  1. Au temps de Lansana Conté, dans le cadre du Programme d’Ajustement Structurel, il a été question de rationaliser les coûts de l’Administration publique par un processus de dégraissage des effectifs. Par manque de méthode et de méthodologie, on s’est retrouvé avec des « dégraissés » qui sont sortis par la grande porte avec de fortes indemnisations et qui sont revenus par la fenêtre. Conséquence, on a eu plus de fonctionnaires qu’avant le processus ;
  2. Alpha Condé avec une belle idée du Guichet unique pour rendre les procédures administratives plus simples, plus fluides, moins bureaucratique et surtout plus efficace pour le trésor public et on connaît le résultat que cette belle idée a donné au fil de son mandat par un manque de méthode et de méthodologie dans sa mise en œuvre.
  1. Par la suite, il y a eu cette merveilleuse idée de la biométrie au niveau des fonctionnaires de l’Administration publique. Toujours par manque de méthode et de méthodologie, la biométrie qui était sensée détecter les morts, les fictifs et les absents, nous présente en fin de compte un plus grand nombre de fonctionnaires parce qu’en plus de nouvelles recrues, la biométrie s’est juste adaptée à au système en place.

Les Ambitions :

Après plusieurs mois de réglage, en ce début de Juin 2023, les citoyens ont vu le Premier Ministre, Chef du Gouvernement se faire enrôler à la fonction publique à travers la biométrie. Il faut rappeler que cette finalité est arrivée avec beaucoup de tâtonnement dans la collecte des données des fonctionnaires pour une meilleure identification des uns et des autres. La méthode et la méthodologie n’étant pas de rigueur, les mêmes causes entraîneront forcément les mêmes effets.

Les Interrogations :

Comme dans tout processus qui manque de méthode et de méthodologie, il y a des questions qui surgissent et qui interrogent sur l’efficacité du résultat escompté à la fin du processus. Chers lecteurs, je vais commencer à énumérer ces questions et vous en trouverez certainement d’autres :

  1. Il y a eu plusieurs décrets nommant des cadres non fonctionnaires à des postes directs ou indirects dans l’exercice au sein de l’administration publique. Ces cadres nommés sont-ils des fonctionnaires ? Si oui, le resteront ils après la transition ?
  2. On a vu le Premier Ministre, Chef du Gouvernement se faire enrôler. Les Ministres sont des politiques et non des fonctionnaires. Une bonne partie d’entre eux viennent du privé. Est-il normal de les voir s’enrôler au risque de fausser les données du fichier ?

La Méthodologie :

L’amélioration de tout système de gestion passe par un procédure d’évaluation de sa performance d’abord et avant toute action. Dans cette perspective, il y a une procédure à suivre :

  1. La programmation d’un audit de la fonction publique actuelle. L’idée est de se dire d’abord et avant tout, un pays comme la Guinée avec le nombre de sa population qui a besoin de services publics et son taux de croissance, avec le montant de son Budget National et sa production nationale de richesse, a besoin de quelle administration et de quel effectif.
  2. Un audit financier qui permettrait de voir avec précision les fonds qui sont décaissés chaque année pour le traitement des fonctionnaires d’une administration comme celle de la Guinée. Cette charge qui prend en compte les morts qui sont encore salariés, les fictifs et les absents pour diverses raisons. Là, on aura une claire idée de l’efficacité financière de l’administration guinéenne ;
  3. Un audit de procédures qui permettrait de savoir s’il y a un système de gestion en place pour l’administration dans sa globalité. Par exemple, il y a t-il un manuel de procédure pour standardiser toutes les actions dans tous les secteurs d’activités de l’administration guinéenne ;
  4. Un audit de performance avec une question très simple qui est celle de savoir si l’administration guinéenne est performante dans son mode de fonctionnement au quotidien. Il s’agira alors de faire le lien entre les fonds dépensés et les services public délivrés aux populations, à travers des indicateurs précis de performance.
  5. Le constat du contenu du rapport d’audit qui permettrait d’avoir une idée très précise de la photographie de l’administration guinéenne. Ce contenu, dans ses recommandations va dire exactement, non seulement quel type d’administration il faut à la Guinée, mais aussi et surtout l’effectif des fonctionnaires dans tous les secteurs d’activités du service public :
  6. Le type d’Administration tant au niveau central qu’à celui décentralisé. Cela définira les besoins en terme d’organisation sur la base du nombre de populations à servir dans le cadre de l’exécution du budget national de développement ;
  7. Le nombre de fonctionnaires dans chaque secteur d’activités et le nombre de postes à définir avec des descriptions et un système d’évaluation de performance des uns et des autres, en vue du suivi du plan de carrière des fonctionnaires du début à la fin.
  8. L’action qui permettrait désormais de faire le lien entre le type d’administration du sommet à la base et le nombre de fonctionnaires idéal pour un plein service des populations dans leur ensemble et dans tous les secteurs d’activités de la vie publique. Dans cette analyse, il sera facile de faire le rapprochement entre ce qui existe actuellement et ce que les résultats de l’audit ont révélé. Ainsi il sera question de s’adapter à cette évaluation ;
  9. Le dégraissage de la fonction publique. Avec cette évaluation, à travers l’audit, il est évident que l’effectif actuel va dépasser de loin les besoins de l’administration guinéenne avec les morts qui sont toujours vivants, les fictifs qui sont présents, les absents qui sont payés et les retraités qui ne sont pas vraiment partis. Ce nettoyage devrait avoir un effectif acceptable ;
  10. C’est alors qu’interviendra la biométrie pour consolider ce nettoyage dont nous avons parlé depuis la planification et l’exécution de l’audit. Ainsi, pour chaque poste dans chaque secteur, il sera aisé de savoir qui occupe quel poste avec toute la documentation y afférente pour un enrôlement effectif ;
  11. L’économie réalisée ainsi dans ce processus de nettoyage pourrait permettre d’indemniser effectivement le surplus de personnel qui sera sorti du système pour une administration plus efficace et surtout plus performance dans sa mission de servir.

Monsieur le Ministre de la Fonction Publique et du Travail, Julien YOMBOUNO, ceci est une contribution d’un citoyen qui est convaincu que quel que soit le génie d’une idée ou d’un projet, si la méthode utilisée n’est pas la bonne, les soins administrés risquent d’être plus nuisibles pour le patient que le mal qui le ronge.

Mamadou BARRY,
Analyste Financier

+224 628-28-09-09

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