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Le train Bernard Goumou roule sans le trio

Le train du dialogue piloté par le Premier ministre Dr Bernard Goumou a quitté la gare de départ le jeudi 24 novembre 2022 à Conakry sans le trio de la classe politique. Les très puissantes alliances Anad-Rpg Arc-en-ciel – Fndc politique sont ignorées. Les préalables devant servir de carburant au train du dialogue inter-guinéen abandonnés.

Le Premier ministre Dr Bernard Gomou s’était déplacé le 10 novembre 2022 pour rencontrer les principaux partis politiques réunis en alliances et le Fndc-Politique dirigé par l’Ufr de Sidya Touré à Dixinn-bora en banlieue de Conakry afin de les rassurer pour venir au cadre de dialogue.

Les dix points du mémo

Le mémorandum qui lui a été remis fait état de la prise en compte des dix préalables qu’énumère le Vice-président chargé des fédérations de l’intérieur, Cellou Baldé, en ces termes : «La libération des prisonniers politiques et le retour paisible des dirigeants politiques en exil; l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires contre les responsables politiques et de la société civile; la levée des contrôles judiciaires de 9 leaders politiques actifs du quatuor ; la levée de l’interdiction de manifester; la publication de la liste nominative des membres du CNRD ; la déclaration des biens des membres du CNRD et du gouvernement à leur entrée en fonction ; l’ouverture d’une enquête pour identifier et poursuivre devant les juridictions les auteurs de différents crimes lors des manifestations pacifiques sous le CNRD ; la publication des rapports des autopsies faites sur les victimes sous le CNRD ; la suspension des expropriations ; la restitution des biens confisqués en dehors des procédures judiciaires et le respect de la présomption d’innocence ; l’annulation de l’arrêté portant dissolution du FNDC».

L’appel de l’ambassadeur des Etats-Unis

A la veille de l’ouverture du dialogue, l’ambassadeur des Etats-Unis a fait une déclaration dans laquelle il exhorte les membres de la société civile guinéenne et les représentants des partis politiques, « à venir autour de la table de dialogue afin de contribuer à la construction de l’avenir de la Guinée ».

Il rappelle que « les États-Unis restent un partenaire inébranlable et impartial de la Guinée ». Son souhait étant «que l’histoire retienne de ce dialogue national le début du retour de la Guinée à la démocratie et à l’ordre constitutionnel ».

« Aucun acteur sérieux» ne sera présent

La principale organisation de la société civile guinéenne opte pour opté pour le boycott du dialogue. Le responsable stratégie et planification du FNDC (Front national pour la défense de la constitution), Sékou Koundouno annonce depuis son exil européen que l’équipe du Premier ministre Dr Goumou et les Facilitatrices « ne verront aucun acteur sérieux (participer à ce dialogue), sans la satisfaction d’un certain nombre de revendications et aspirations légitimes » mentionnées dans le mémorandum du Quatuor.

Et le leader du mouvement Nos valeurs communes, Etienne Soropogui, de rappeler qu’au titre des préalables à la participation du Quatuor à ce dialogue, «rien n’a été fait» par l’équipe de Dr Goumou. La preuve, selon lui, parmi ceux qui doivent porter la voix au dialogue, nombreux sont en prison pour des délits politiques ou d’opinion.

Parmi les membres du trio des Facilitatrices désignées pour le dialogue inter-guinéen, la déclaration de la Présidente du parti politique dénommé FAN (Front pour l’alternance nationale), Dr Makalé Camara tient la route.

Après la séance de lancement des travaux du dialogue, le jeudi 24 novembre, elle a dit à la presse combien le dialogue est «important» dans la phase actuelle et même «indispensable pour (…) une transition apaisée et acceptée de tous afin que demain soit meilleure».

«Ce que nous souhaitons, c’est être autour de la table pour poser tous les problèmes. Même les questions qui fâchent, il faut les poser autour de la table, en discuter, interpeller les autorités pour qu’elles puissent prendre les décisions qui s’imposent. Car si c’est le peuple  qui parle aux décideurs, ils seront obligés de prendre en compte», tempère Dr Traoré.

Ils ont boudé le dialogue …

Abandonné à la gare pour avoir conditionné son embarquement à la satisfaction de ses préalables, le Quatuor devenu Trio n’a pas participé à la cérémonie de lancement des activités du dialogue. Et il n’est plus seul dans son cas. Tenez !

Peu après la cérémonie officielle tenue à l’hôtel Riviera en présence du médiateur de la Cédéao dans la crise guinéenne Dr Thomas Boni Yayi et du président du Conseil national de la transition Dr Dansa Kourouma,   les membres de la CONA-SOC (Coalition nationale des organisations de la société civile guinéenne) ont boudé le dialogue.

… avec des prétextes fallacieux, selon Kaba Fidel

Leurs arguments ? Aux dires du Vice-président de la Conasoc, Elhadj Ibrahima Diawara, la «mauvaise organisation»  de ce rendez-vous «qu’il faut signaler dès le départ, (…) ça n’augure rien de bon».

Mais selon le président du parti FIDEL (Force des intègres pour la démocratie et la liberté) et de l’Alliance démocratique (AD), Mohamed Lamine Kaba,   derrière les conditions de leur participation au dialogue, les préalables mentionnés en dix points dans le mémorandum remis, jeudi 10 novembre 2022, au Premier Ministre par les principales coalitions politiques du pays, il se trouve une inadmissible demande d’ingérence dans les affaires judiciaires.

Pour M. Kaba, Vice-maire de Faranah et ancien député (2020 – 2021), il est politiquement incorrect que des alliances politiques et plateformes de la société civile  invitent le Premier ministre et le chef de l’Exécutif à s’immiscer dans le traitement d’affaires judiciaires en cours. Notamment en accédant à une demande de libération de personnalités politiques poursuivies dans le cadre de la lutte contre la corruption comme c’est le cas actuellement pour plusieurs membres du régime renversé le 5 septembre 2021.

En ce qui le concerne, le leader du parti FIDEL et président de l’AD invite le Premier ministre à « rester sur sa position» et à conduire le train du dialogue à destination.

Par Ahmed Tidiane Diallo

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