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Le ministre Alphonse Wright reste en bonne place dans l’histoire judiciaire

Ministre auquel la Guinée doit l’ouverture du procès du 28-septembre 2009, il est aussi, malgré ses méthodes contestées, le premier de son rang à se présenter devant un tribunal sans avoir obtenu «la levée de l’immunité juridictionnelle» dont il jouit.

Ce 23 juin 2023, le ministre Alphonse Charles Wright (sur la photo), est assis, vêtu d’un petit boubou blanc, devant le tribunal de Dixinn délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry pour y être jugé.

« Je suis magistrat, et c’est par respect pour la justice que je me suis présenté. Mes avocats ont quelques exceptions à soulever mais je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés»,  confie le Garde des Sceaux à la presse quelques minutes après la levée de l’audience.

Le ministre accusé savait qu’il ne courait aucun risque en faisant ce geste républicain salué par les observateurs de l’actualité. Même l’avocat des plaignants, Me Salifou Béavogui, a salué la comparution du Garde des Sceaux. «Parce que, relativise-t-il, nul n’est au-dessus de la loi».

Là, Wright marque des points en étant le premier ministre de la Justice en exercice dans l’histoire judiciaire guinéenne à être vu devant un tribunal de première instance en train de répondre à une plainte de citoyens formulée à son encontre pour «dénonciation calomnieuse, diffamation, injures publiques, violences et voies de faits et abus d’autorité.»

A propos, l’avocat du ministre accusé, Me Lancinet Sylla, qui est aussi l’un des avocats du très célèbre commandant Aboubacar Diakité dit Toumba inculpé dans le massacre du 28 septembre 2009, enseigne ceci: «Pour des faits commis dans l’exercice des fonctions de ministre de la Justice, que ces faits soient qualifiés de crimes ou de délits, vous n’êtes justiciables que de la Haute cour de justice».

La plainte provient des membres du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution), une organisation dissoute en août 2022 par arrêté ministériel. Malgré cela, ses auteurs, les activistes du FNDC, Oumar Sylla dit  Foniké Mangué, Mamadou Billo Bah, Sékou Koundouno, Abdoulaye Oumou Sow et Alpha Madiou Bah alias Djani Alpha espéraient que leur plainte allait être  déclarée recevable.

Le tribunal a fait savoir qu’une telle requête est manifestement irrecevable pour défaut de l’avis préalable du Conseil supérieur de la magistrature. Le procès est renvoyé au 3 juillet 2023.

Tout en faveur du très contesté Charles Wright

C’est cela les faits.  Pour les commentaires, soulignons qu’avec l’ouverture du procès du 28-septembre et maintenant la comparution du ministre Wright au procès intenté à son encontre par le FNDC, ce très contesté Garde des Sceaux inscrit son nom dans l’histoire du pouvoir judiciaire et la lutte contre l’impunité en devenant le premier de son statut à ouvrir le procès du siècle et le ministre en fonction à se présenter devant une juridiction de premier degré.

Du point de vue de son avenir qu’il se construit – puisqu’il a déclaré à la presse guinéenne qu’après ses fonctions de Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’Homme, il n’exercera plus son métier de magistrat – il y a à noter d’ores et déjà un acte politique fort qui lui donne un avantage face à ses adversaires.

Et il est bien possible que ce ministre, qui est actuellement le plus contesté dans le milieu des professionnels du droit chevronnés, soit en mesure de respecter sa parole donnée en rangeant sa toge de magistrat. Pour de bon. 

Par Diallo Alpha Abdoulaye in Le Populaire

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