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Différend autour d’un contrat de produits explosifs à la Sag, le fondateur de la Soguidex dénonce et réclame justice

Le clash est parti d’un contrat de 30 millions d’euros obtenu par la Soguidex (Société guinéenne de distribution d’explosifs) à la SAG. Depuis 2019, rien ne va plus entre l’entrepreneur guinéen Mamady Nabé, fondateur de la Soguidex et son partenaire marocain de la Cadex, AliYoussefi et plus tard son fils et héritier Jawad Youssefi.

Dans cette interview, il s’insurge contre la fausseté des accusations portées à son encontre par son partenaire marocain et réclame justice.

Le Populaire : Parlez-nous de votre entreprise et du différend qui vous oppose à votre partenaire marocain ? 

Mamady Nabé : J’ai fondé la Société guinéenne de distribution d’explosifs (Soguidex) en 2001 en République de Guinée dont j’étais l’actionnaire unique. Le 7 avril 2004, j’ai conclu un accord de fusion avec le  marocain Ali Youssefi, qui était le Président de la Compagnie africaine des explosifs, en abrégé Cadex, sise à Casablanca au Maroc. Entre Soguidex représentée par son fondateur Mamady Nabé et le groupe Cadex représenté par son président Aly Youssefi, l’accord a été paraphé en présence de Maître Bachir Barry, paix à son âme !, qui était mon conseiller. J’ai cédé deux tiers des actions de ma société Soguidex à Cadex. Cela a été acté par le cabinet d’audit Ernst &Young et notarié par Maître Yansané Fatoumata YarieSoumah notaire. Quelque temps après la conclusion de l’accord,  un différend nous a opposé. J’ai demandé l’arbitrage de la Chambre d’arbitrage de Guinée. J’ai gagné à cet arbitrage et pratiquement nous nous sommes séparés.

En 2018 suite à une opportunité de contrat important à la SAG (Société Ashanti GoldField de Guinée) pour lequel Soguidex réunissait mieux que tout autre prétendant les qualités et facteurs requis ils sont revenus pour me demander pardon afin qu’on reprenne les activités. Ils sont passés par plusieurs amis et mes parents, entre autres, mon grand frère également nommé Mamady Nabé. Finalement, j’ai accepté et en 2019, Soguidex a eu un contrat de cinq ans avec SAG d’une valeur de 30 millions d’euros. Depuis, j’ai perdu tout contrôle et tout suivi de Soguidex sans la moindre lisibilité sur sa gestion.

Fondateur de Soguidex, actionnaire à 32%, et Directeur Général Adjoint j’ai perdu toute autorité et toute signification dans la compagnie qui se retrouve désormais gérée par d’autres personnes qui ne sont nanties d’aucune personnalité juridique de par les statuts que je connais, ni d’aucune compétence ; seule la volonté de M. Jawad avec les procurations qu’il a émises au bénéfice de ces personnes qui n’ont pas été entérinées par un Conseil d’Administration, ont servi à ce schéma. Je n’exagèrerais même pas en affirmant que personnellement j’ignorais ces personnes jusqu’à leur simple existence. Par deux fois, j’ai émis des actes officiels contre de telles procurations à la Police et à la Douane.

Où en êtes-vous avec le dossier judiciaire de votre entreprise ?

En 2016, j’ai créé une autre entreprise qui s’appelle Société Niger Ingénierie Construction Commerce Général et Services (Niccos Sarlu) parce que, ma profession c’est ça, je vie de ça. Niccos importe des explosifs et les distribue. Quand on a repris les activités de Soguidex en 2019 avec un contrat très précis et un client reconnu mondialement pour sa rigueur et sa transparence, l’entreprise Niccos était en pleine activité. Etant donné que mes partenaires dans SOGUIDEX se plaignaient beaucoup et disaient qu’on n’a pas de départ et à leur demande de palier aux difficultés de redémarrage, j’ai fait usage des produits de Niccos que j’enlevais du dépôt de Niccos situé à Dubréka pour les transporter jusqu’à la mine de la SAG à Siguiri sous escorte de la Police, de la Gendarmerie et de la Direction des Mines. Mon souci étant d’éviter qu’au démarrage des activités, il y ait des ruptures de stock au risque de compromettre le contrat signé avec la SAG. Les factures de ces livraisons ont été payées par le client final, la SAG.

Mon partenaire marocain dans Soguidex ne manquait jamais d’arguments pour repousser les paiements dûs à Niccos. Il n’hésitera pas même de lui céder mes parts d’action dans Soguidex, c’est-à-dire que  je lui abandonne mes 32% d’actions et en compensation, il paie les factures de Niccos.

Le 6 novembre 2023, suite à une demande de mon avocat, je découvre que le 26 mars 2021 déjà à mon insu, ce partenaire avait fait élaborer des statuts nouveaux en m’attribuant 7% des actions en lieu et place de mes 32 % et sans aucun titre ni fonction au sein de l’entreprise et ce, sur la base d’un protocole d’accord falsifié et daté du 7 avril 2004. Ensuite, nous avons découvert plusieurs autres faux actes. Par exemple, moi qui n’ai pas participé à un prétendu Conseil d’Administration du 3 octobre 2019 à Casablanca ni effectué un transfert de fonds quelconque, je découvre des documents faits à cette date dans les mains des tierces personnes, documents qui portent ma signature !

J’ai en outre découvert qu’il y a eu d’autres conseils d’administration en 2019 et en 2020 où il est écrit que Soguidex n’a pas fait de conseil d’administration pour cause d’épidémie de Covid-19. Une contradiction flagrante qu’il est seul à pouvoir expliquer.

Pour ce qui est de la modification des statuts de Soguidex S.A. ayant abouti à la fausse répartition des parts sociales réalisés à mon insu au Maroc par les soins de M. Jawad Youssefi et authentifiés ici à Conakry par l’Etude de Maître Fatoumata Yarie Yansané, j’ai porté plainte au Tribunal du Commerce. Mais, en dépit de l’Assignation en inscription de faux contre divers actes authentiques qui lui a été signifiée par le Tribunal du Commerce, cette Etude de Maitre Fatoumata Yarie Yansané n’a pas daigné comparaître ; en conséquence de quoi  en son audience du 22 février 2024 le Tribunal a communiqué le dossier au Ministère public pour ses observations.

D’autre part, à l’issue de plusieurs séances et même d’un ultime renvoi, le Tribunal du Commerce a émis une ordonnance d’injonction de payer en date du 17 juillet 2023 et plus tard le 18 août 2023 le Greffier en chef du Tribunal du commerce a émis un Certificat de non opposition. Finalement, après la série de procédures judiciaires successives, un Procès-verbal de Saisie attribution de créances a été établi le 6 septembre 2023 sur le compte de Soguidex S.A. à la Société Générale de Guinée (SGG) S.A. C’est ainsi que le montant de 3 milliards 124 millions que la Soguidex doit à Niccos a été saisi mais sans les dommages et intérêts.

En panne sèche d’arguments, voilà qu’ils imaginent contre moi une plainte en date du 19 octobre 2023 au Tribunal de première instance de Kaloum – une tout autre juridiction – « pour  abus de biens sociaux et complicité ».

A votre avis, quelle est l’origine du blocus auquel vous faites face actuellement ?

Ce dont moralement je souffre le plus aujourd’hui est le fait et j’ai toutes les preuves nécessaires et suffisantes pour indiquer qu’il y a des trafiquants d’influence derrière cette histoire dont notamment un certain Habib Bocar Ly, haut fonctionnaire guinéen bien connu dans les hautes sphères de l’administration guinéenne dont la complicité tacite permet que mes droits de jeune entrepreneur guinéen  soient brimés et que par ailleurs on n’hésite même pas à me faire mettre en prison pendant des jours et des nuits j’estime, dans l’espoir de m’intimider et de me faire abandonner ma quête de clarification et de justice.

J’affirme ici sans ambages que c’est même la famille d’Habib Bocar Ly qui gère ici, par procuration établie par Jawad Youssefi, toutes les affaires de Soguidex S.A en lieu et place du Directeur général adjoint, actionnaire à 32 % et donc, membre statutaire du Conseil d’administration que je suis et je rappelle que je suis seul fondateur de cette société. 

Ainsi, j’ai été mis aux arrêts en pleine séance du conseil d’administration de la Soguidex à l’hôtel Kaloum le 27 octobre 2023 à 12h10 et conduit au Haut commandement de la Gendarmerie nationale. J’ai été emprisonné à 21h36 ce vendredi 27 octobre. Où j’ai été maintenu et accusé des faits de coups et blessures volontaires et injures publiques jusqu’au 31 octobre 2023. Le 31 octobre 2023 à 14 heures, j’ai été présenté au procureur qui m’a mis à la disposition du juge d’instruction. J’ai été entendu.  Mais jusqu’ici la requête formulée par mon avocat et relative aux enregistrements vidéo de l’hôtel Kaloum qui constituent ma défense dans cette affaire n’a pas eu de réponse. Ces enregistrements auraient témoigné de ces prétendus coups et blessures et injures publiques. Je note en outre que ce n’est pas même M. Jawad qui a porté cette plainte mais bien un de ses employés qui n’était pas supposé assister à ce Conseil d’administration.

J’ai découvert par ailleurs et à ma grande surprise, qu’une autre plainte avait été formulée contre moi avant mon arrestation du 27 octobre 2023. Ils sont en train de jouer comme ils m’ont toujours dit qu’en Guinée si tu as de l’argent, tu peux faire tout ce que tu veux. Ils sont en train de me prouver ça. Je ne serai pas d’accord avec cette manière de penser que quand on a de l’argent on peut se permettre tout en Guinée Et c’est l’autre raison pour laquelle j’insiste pour que ces dossiers soient portés à la justice et que Justice soit faite dans la transparence et la clarté et que le droit soit dit.

En tout état de cause, j’ai rencontré le Procureur du tribunal de Kaloum, à qui j’ai montré toutes ces plaintes en lui exprimant mon vif souhait qu’elles soient toutes versées au Dossier et appréciées. J’estime que ce jugement devrait avoir lieu le plus rapidement possible afin de mettre à nu ce que ce monsieur, héritier de son père Ali Youssefi  et désormais Président du Groupe Cadex Maroc est en train de faire ici en Guinée où il déclare entre autres, des pertes de près de 25 milliards de Francs guinéens lors d’un Conseil d’administration qui n’en était pas un. Je tiens avant tout à ce qu’il y ait un transport judiciaire à Nafadji avec des experts pour évaluer les investissements qui ont été véritablement réalisés à l’usine en comparaison des déclarations verbales d’investissement du partenaire marocain. J’insiste sur cet aspect sachant tous les racontars diffusés par-ci par-là sur des équipements stationnaires, mobiles et roulants sortis d’usine qu’il aurait fait venir. Et je voudrais alerter sur le fait que le matériel et les équipements d’occasion qui ont été installés ne l’ont été que bien après l’acquisition du contrat alors que tout devait être en place à la signature du contrat.

Pour rire un peu, je voudrais vous montrer copie authentifiée des actes qu’il a fait établir à mon insu et selon lesquels j’aurais vendu l’essentiel de mes actions pour passer de 32% à 7% à une certaine Cadex International-Dmcc, Dubaï, une compagnie dont j’ignorais jusqu’à présent l’existence, et que jamais je n’ai rencontrée nulle part. 

Réalisée par Alpha Keita
in Le Populaire du lundi 4 mars 2024

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