Alpha Condé à été plébiscité pour un troisième mandat par le RPG-Arc-en-Ciel dans une convention tenue les 5 et 6 août 2020. L’intéressé marine, comme tout bon cuisinier, sa réponse. Histoire de faire saliver ses soutiens et baver ses opposants.
Depuis, de l’autre côté, c’est motus et bouche cousue. Les quelques réactions que les Guinéens ont lu et entendu par-ci, par-là font plus froid au dos que l’annonce de la candidature de l’actuel président elle-même.
L’opposition républicaine entre réactions laconiques et embarras.
Face au mutisme des uns et aux réactions incohérentes, voire irresponsables, en tout cas désolantes des autres, de sérieuses questions se posent. Des questions auxquelles devront répondre l’opposition guinéenne et le FNDC.
S’inscrivant dans cette optique, cet article, contrairement aux précédents ne fera ni analyse, ni propositions prospectives posant des pistes de réflexion ou proposant des solutions que je faisais habituellement.
Il se veut l’écho des voix inaudibles qui déchirent le cœur de celles et ceux qui ont lutté ces 2 dernières décennies. Celles et ceux qui ont tout consacré à la lutte pour l’instauration d’un système démocratique en Guinée depuis décembre 2008, date de la mort de Lansana Conté, à nos jours
Ces questions sont simples, réalistes, objectives, constructives mais elles sont aussi lapidaires parfois. Elles viennent de la plume de quelqu’un qui n’a cessé d’écrire, de proposer, d’interpeller sans se faire, comme bien d’autres, entendre.
Quelqu’un qui se retrouve bien seul par rapport aux débuts où fleurissaient des articles et analyses pertinentes, bien fouillées, enrichissantes et clivantes parfois.
Quelqu’un qui se demande où sont passés les pourfendeurs de la dictature : Ibrahima Kyllé DIALLO, Mamadou Billo Sy Savané Abdoul Baldé, Sadio Barry, Ibrahima Sory Makanera, Mamadou Diallo (MD) de Guinea forum, Mamadou Alpha Barry (Sidoux ) et bien d’autres. Qu’est devenue toute cette génération de défenseurs de la démocratie et avocats du peuple, dis-je.
Quelqu’un qui est toujours là, depuis 2 décennies donc, aux côtés du peuple de Guinée et auprès de l’opposition dans ces différentes phases d’évolution : des forces vives au FNDC.
C’est lui qui pose les questions aux acteurs politiques actuels s’interroge tout comme ses compatriotes et ne semble plus voir clair dans la ligne politique menée par l’opposition dite républicaine .
Quelle stratégie pour quelle finalité ?
Les réactions évoquées plus haut et leur teneur ont accentué ce sentiment, non pas de découragement mais de perdition. Il me semble que plus d’un ne comprend plus grand- chose de la logique, de la stratégie et de la finalité de la lutte menée par l’opposition et le FNDC.
Je me dis si les citoyens ont le droit de dénoncer le pouvoir RPG-Arc-en-ciel, ils ont le droit, tout aussi légitime, de questionner l’opposition et d’avoir des réponses claires.
Leaders et dirigeants des partis politiques de l’opposition et du front national pour la défense de la constitution (FNDC), vous avez un devoir moral et une lourde responsabilité dans le passé, le présent et le futur de la Guinée. Dans le sort et le devenir de la nation.
Dans le sort des citoyennes et des citoyens qui ont cru en vous, vous discours, promesses, idéaux politiques et qui vous ont soutenu tout au long de vos parcours respectifs.
Le moment est venu, sinon de rendre compte, du moins de dire à vos militants et sympathisants de quoi sera fait demain si toutefois monsieur Alpha Condé était élu nouveau président de la république le 18 octobre 2020.
Une série de questions toutes simples et qui dessineront le futur de la Guinée, et le vôtre sûrement, méritent des réponses. Vos réponses.
La première de celles-là : où est passé le FNDC depuis le 5 août 2020 ? Aucune réaction de sa part après la désignation d’Alpha Condé à sa propre succession.
Plus de transparence s’impose dans les prises de position de la classe politique de l’opposition
Certaines personnalités politiques trouvent des circonstances atténuantes à Alassane Ouattara, le président ivoirien, candidat à un troisième mandat. Faute, dit- il de mieux, plutôt « pour cas de force majeure » monsieur Ouattara est candidat. C’est comme si la mort du premier ministre Amadou Gon Coulibaly avait emporté toutes les potentialités du parti ivoirien au pouvoir. Du coup, « Ado » surnom affectif que lui ont donné les ivoiriens, se voit adolescent à 78 ans.
La question qui se pose : ces leaders voient-ils des circonstances atténuantes à Alpha Condé ou se sont-ils laissés aller par les liens bien connus qui les rattachent au président ivoirien ? Au cas contraire refuseraient-ils à Alpha Condé ce qu’il accordent à Ouattara ? Au pire, s’opposerait-il au troisième mandat d’Alpha du bout des lèvres ?
Dans tous les cas, plus qu’une question de com, il s’agit d’une erreur, si ce n’est une faute politique, qui pourrait avoir de lourdes conséquences.
D’autres leaders politiques se cantonnent à dire que « la désignation d’Alpha Condé pour un troisième mandat n’est pas une surprise ». Cela sous entendrait-il qu’ils savaient dès le début que tel allait être le cas ?
C’est à ce niveau que se pose la question de la pertinence de la ligne politique de l’opposition guinéenne. De sa conviction à mettre fin à un pouvoir qui entend se perpétuer en toute illégitimité. Tel sera l’objet de la deuxième partie.
Première partie
Lamarana-Petty DIALLO
lamaranapetty@yahoo.fr