Le président de la plateforme CPR, Abdourahmane Sano, est désespéré par la tournure que prend la transition conduite par le colonel Mamadi Doumbouya. Il s’inquiète des perspectives du régime et sonne l’alerte.
Ce jeudi, 4 janvier 2024, à son siège de Kipé dans la commune de Ratoma à Conakry, le président de la plateforme Citoyen Pour la République (CPR), Abdourahmane Sano, n’est pas passé par quatre chemins pour déclarer ce qu’il désigne comme étant la profonde inquiétude face aux dérapages de la gouvernance actuelle du CNRD et de son président le colonel Mamadi Doumbouya.
Tout d’abord, l’activiste de la société civile, Abdourahmane Sano, qui était entouré de membres de sa plateforme lors de cette conférence de presse, a présenté ses sincères condoléances et sa profonde compassion aux familles et proches des victimes de l’incendie du dépôt de carburant de Coronthie dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023 à Kaloum.
Ensuite, d’un ton plutôt désespéré, M. Sano a tenu à rappeler qu’aux premières heures de la prise du pouvoir par le CNRD (le Comité national du rassemblement pour le développement), « le 5 septembre 2021, nombreux étaient les Guinéens qui ont accueilli avec bonheur et espoir (l’) avènement au pouvoir » (du colonel Mamadi Doumbouya).
« Ils y voyaient la fin d’un système politique avilissant et l’opportunité de rupture pour renforcer le fondement de notre nation et offrir à notre peuple des meilleures perspectives de conditions de vie », affirme M. Sano avant d’ajouter que « le changement et l’adhésion populaire manifestés étaient le fruit du farouche combat mené par le peuple contre le troisième mandat (d’Alpha Condé) et pour l’encrage de la démocratie sous houlette du FNDC (Front national pour la défense de la constitution), mais à un an de la fin de la durée que vous vous êtes librement accordée pour conduire et mettre en œuvre le programme que vous avez établi unilatéralement et au regard des développement qu’on observe, il y a lieu de vous exprimer mes profondes inquiétudes quand au respect des engagements du CNRD et une issue apaisée de la transition actuelle ».
Sans pour autant utiliser la langue de bois, Abdourahmane Sano affirme : « Malheureusement, comme on pouvait le redouter l’égocentrisme, les calculs politiciens, les vieilles rancœurs, les ambitions démesurées, l’opportunisme et la passion, stimulés par la corruption et la quête effrénée du statut de l’élite, ont pris le dessus sur la raison et sur le sens de la responsabilité et est sur l’intérêt de la nation ».
La situation est préoccupante. L’ancien coordinateur du Fndc lance l’alerte et s’adresse directement au chef de la junte au pouvoir, en ces termes : « Monsieur président, le pays va mal, il va très mal aujourd’hui. Force est de reconnaitre que la destruction de la situation du pays faite dans votre déclaration de prise de pouvoir correspondant tout aussi bien à celle d’aujourd’hui et la répression n’est pas la solution. De nos jours, si on peut prendre le pouvoir par les armes, on ne peut le conserver durablement par les armes ».
De cet appel patriotique, M. Sano tire la conclusion selon laquelle, «les perspectives ne sont pas rassurantes quant à une issue pacifique et démocratique de la transition» actuelle.
Selon le raisonnement de l’activiste de la société civile, pour que la transition réussisse, il faudrait que le régime du colonel Mamadi Doumbouya pose des bases institutionnelles et règlementaires convenables à la tenue « d’élections ouvertes, transparentes et crédibles et globalement incontestables ». A ce propos, il cite le cas de la mise en place de la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières). Cette institution juridique, déclare M. Sano, est née pour régler les comptes de certains politiques et acteurs sociaux du pays en lieu et place de conduire la transition dans les délais fixés par le colonel Doumbouya et son équipe du Cnrd.
Par Léon Kolié