Le petit ange né au camp Boiro a vécu sa vie. Avec courage et dignité. Aujourd’hui, aux côtés de sa mère, il milite en faveur de la réhabilitation des victimes en participant aux activités de l’AVCB. Ce visage avenant qui se cache derrière ces correcteurs de vue est celui de l’enfant né au camp Boiro quelques mois après l’incarcération de sa mère en 1971. Son nom : Daniel Philippe de Sainte Marie.
De mère guinéenne, hôtesse de l’air au moment de son arrestation dans les environs du marché Niger à Conakry, et de père français, Daniel Philippe est né dans les entrailles du tristement célèbre centre de détention. Il y a appris à marcher à quatre pattes, à se tenir debout, puis à s’imprégner de sa langue maternelle, le français. En compagnie des prisonniers et des geôliers. Aujourd’hui quadra, il participe aux activités de l’Association des victimes du camp Boiro (Avcb).
Le lundi 25 janvier 2021, il était du rassemblement organisé sur le Pont-des-pendus à la mémoire des victimes des pendaisons et exécutions de 1971. « Nous, victimes du camp Boiro, continuons à réclamer, la reconnaissance et la réhabilitation des personnes victimes sous le régime de feu Sékou Touré, parce que beaucoup de gens ont été tués, emprisonnés et accusés à tort, et on les a étiquetés comme les ennemies de la République », dit haut et fort Daniel Philippe de Sainte Marie qui souhaite que toutes les victimes soient réhabilitées et la vérité restaurée.
Cinquante ans après, les rares victimes vivantes et leurs ayant-droits unissent toujours leurs forces dans les actions de l’Association des victimes du camp Boiro (Avcb) pour rappeler à l’Etat guinéen son devoir «de mettre fin à l’omerta» pour que triomphent la vérité et la justice. Daniel Philippe espère bien que cet appel ne tombera plus dans de sourdes oreilles.
Par Léon Kolié
